J'ai failli vous croire en plus, c'est ça le pire, je partais avec beaucoup trop d'appriori, a-t-il vraiment merdé, lui qui semblait pourtant avoir trouvé sa direction ?
Damso, va-t-il lui aussi s’enliser dans la médiocrité de la moyenne des derniers projets du rap français ?
A l'heure où beaucoup de mes idoles ont été déchu du panthéon musical que je m'étais constitué, j'aurai même plus été surpris que celui que je considérai comme le rappeur francophone le plus prometteur et le plus à l'aise dans ce qu'il entreprend, puisse lui aussi me décevoir.
Pourtant la première écoute de Lithopédion fut une écoute parfaite.
Et ces derniers temps, ça devenait de plus en plus rare, même Kanye West le Goat ultime s'était contenté d'un très bon album en 2018, alors qu'il nous avait habitué à chaque fois, à des albums révolutionnaires.
Damso, c'était déjà fait après les 3 premiers morceaux.
J'avais pas besoin de plus, c'était évident, Il avait réussi.
Ne m'en voulez pas si je m'en porte dès le lendemain de sa sortie (officielle), vous penserez que je suis un fan-boy aveuglé par la précipitation, et par le fait qu'il avait besoin d'aimer cet album, histoire de se rassurer de la direction que prenait le rap français.
Et vous auriez sans doute raison sur ce dernier point, mais ça faisait depuis Cyborg qu'un album de rap français ne m'avait pas autant retourné.
Pour moi Lithopédion est tellement novateur et aboutit, que je l'inscrirai sans une once d'hésitation au sein des albums qui changeront la musique française.
Mais je m'égare...
Je me sens obligé d'être sur la défensif, quand je vois les retours en demi teint que reçoit cet album. Et c'est rare ; mais ça m'attriste.
Parce que si j'étais Damso et que j'avais eu les couilles de faire un tel album qui va au bout des choses, j'aurai été terriblement déçu de voir que le public n'ait pas été réceptif. Parce qu'après un album aussi ambitieux, Dem's je t’interdit de faire marche arrière, c'est impossible maintenant, inspire toi de Ye fait ce qu'il te plaît, délivre ton message, pour le reste, le temps nous mettra tous d'accord.
Parce que si, cet album est si grand, c'est bien parce qu'il s'affranchit du rap français.
Ça devait paraître évident à Damso après Ipséité, mais moi ça m'a surpris de le voir s'envoler, de se trouver aussi facilement, et partager des émotions à leurs états brutes comme il vient de le faire.
La plus grande force de cet album, c'est qu'il ne s'adresse pas aux fans de rap français, cet album s'adresse directement à l'humain.
Finit le rap à punchline, qui bien que très divertissant, était enfermé dans ses propres codes.
Damso se débarrasse d'un poids, et voit son plus grand potentiel d'artiste: l'heure est au partage, en toute humilité et en tout humanité.
Je soupçonnais pas qu'il avait acquis une aussi grande maturité, qu'il avait gagné une confiance qui lui permettrait de s'ouvrir à une musicalité beaucoup plus grande et ambitieuse. Et c'est beau parce que ça devient rare. Trop rare aujourd'hui dans le rap français.
Damso fait toujours du sale, et il nique toujours des mères ; on change pas une équipe qui gagne.
Mais avec Lithopédion, Damso préconise un langage universel.
Son égo est toujours présent dans l'album mais il est mis directement en lumière, et ainsi disparaît, pour faire place au vrai Damso.
Ça se ressent autant dans le fond que dans la forme, l'un sans l'autre, ça marche pas, le tout constitue le message.
Le bruit de mon silence en dit long
Sentiments grandissants figeant l'ego
Prison de mots, absence de compliments
J'suis en attente, en apprentissage, très peu sage
J'ai vu l'âge à la nage, je fuis l'alcoolisme ;
Sur la blanche page, j'agonise
Mille latences entre c'que je pense et ce que je dis
Ce que j'obtiens et ce que je vise
Témoignage de son existence, il tente d'établir un pont entre lui et l'auditeur, l'inviter à le comprendre et ainsi voir son propre reflet dans sa musique.
Parce que la volonté de Damso est d’éradiquer la frontière du Je et du Lui pour trouver un terrain d'entente musical, à défaut de pouvoir trouver mieux.
Toi qui n'a pas aimé l'album et qui rit de ses dernières lignes, criant à la branlette intellectuelle, redonne une chance à Lithopédion.
Débarrasse toi de ton surplus de raison qui fait office d'entrave pour un tel album, de ton refus de voir disparaître le Damso que tu avais tant aimé, de ton incompréhension face à tous ces morceaux chantés:
Le vrai Damso à visage dévoilé est dans Lithopédion.
Et ça j'en suis convaincu.
Jamais entendu un album de rap français aussi riche.
Et ça aussi, j'en suis convaincu.
Plus j'vis pour eux, moins j'vis pour moi
Le cœur spongieux, pas très aimant
J’passe trop d’temps a être c’que j’suis pas
J'finis par croire qu'j'le suis vraiment