Le Collector's Club de King Crimson est un voyage fascinant dans les archives Live de King Crimson. Le son est souvent douteux à la limite du publiable mais le remarquable travail de re-mastérisation sauve souvent ce qui aurait été indécent de publier. On peut voir aussi la progression de la tournée. Comme ici nous avons un concert du début de la tournée 72 (61 minutes) en février avec un très rare Cirkus de Lizard chanté par Boz. Le son est cru,sans fioritures c'est le cas de le dire mais, mais Mel Collins sauve tout cela avec son saxophone toujours réinventé et ici on jouit du plaisir de l'entendre . Mel Collins est peut-être le musicien le plus inspiré à avoir traversé la cour du roi cramoisi. Chaque enregistrement du Collector's Club le prouve. Et c'est une des premières raisons que j'ai acheté tous les enregistrements de la tournée 72. Mais revenons à notre disque et à ce cirque sombre, un peu lent et moins dévastateur qu'en studio mais aussi enjoué par moments. Une très belle interprétation de cet album qui fut rarement joué par Crimson avant la tournée de 2017. Je vous dis une rareté.
Juste avant l'album s'ouvre sur “Pictures of a City” de “In The Wake of Poseidon”. Une version moins acidifié dans la voix. Le groupe s'évade de l'original dans les passages musicaux et Collins s'amuse. Fripp semble même avoir de la difficulté à maîtriser un moment, un passage. Évidemment c'est un must pour tout fan. Si Pictures of a City sera souvent joué lors de cette tournée , il disparaîtra progressivement et il ne sera plus enchaîné avec Cirkus si ma mémoire ne me fait pas faire un tour de manège. Le jam de Mel Collins autour de 7 minutes est franchement délectable. Il entraîne le band là où il veut et c'est tant mieux. À la fin de son délire Boz finit de chanter avec un cri. Fort ! Et n'oublions encore une fois Mel qui réinvente le solo de saxophone.
Islands venait juste de sortir au moment de la tournée et devait être presqu'inconnu aux oreilles de ces Floridiens. Le coquin et cochon Ladies Of The Road , chanson sur les groupies et vraiment ici délectable. Le sax de Mel Collins groove à souhait et la guitare de Fripp juste légèrement différente de l'originale. C'est Boz qui vraiment perd la carte vers la fin du morceau. Du jamais vu chez Crimson. Il a des relents de Peter Hammill ou quoi ?
C'est sûr que si vous achetez un tel album, vous ne devez pas être exigeant sur le son. J'aime mieux insister tout de suite.
Formentera Lady calme le jeu avec la douce flute qui l'ouvre. Ici le morceau s'éloigne considérablement de l'original , encore une fois grâce au sax de Mel Collins. Il y a même pas beaucoup de place pour la guitare de Fripp. Assez étonnant! la chanson s'étire sur un long jam très intéressant et enchaîne tout naturellement avec The Sailor's Tale. Si la guitare de Fripp s'était faite rare dans les premiers morceaux, ici nous avons droit à la magnificence du maître. Le solo est vraiment superbe et le mellotron somptueux. Ce serait 14 minutes d'un pur bonheur à la cour du roi, si ce n'était de ce classique solo de drum des années 70 qui distille l'ennui. Je n'aime pas les solos de drum.
L'album clôt avec , évidemment 21st Century Schizoid Man dont on ne sait plus quelle version est la plus enragée ou légèrement différente ou la plus schizoide. Mais de toute façon KC ne peut rater cette chanson ! Elle est plus forte que le groupe! Fripp y explose encore une fois, jamais tout à fait pareil, jamais tout à fait différent. Et Boz hurle par moments alors que Fripp est emporté!
Petite précision cette tournée de 72 aux États-Unis ne devait pas avoir lieu. Le groupe avait déjà perdu Sinfield à la fin de 71, le groupe qui est là avait éclaté à la fin de janvier et ce n'est que des prétendues obligations de EG Management qui les remit sur la route comme l'explique Fripp dans le livret.
Pour un groupe en sursis et qui venait de rompre c'est toute une musique. Qu'est-ce que cela serait si la communion avait été totale?
Un must pour tout fan et pas nécessairement un collectionneur. Bien meilleur que Earthbound tiré de la même console de son. le live à Jacksonville remplit des promesses inespérées.