The James Blood Ulmer Blues Experience – Live At The Bayerischer Hof (1994)
Voici James « Blood » Ulmer à son top niveau, en trio et en live sous les meilleurs auspices. Quand tout se conjugue avec bonheur, voici le genre de skuds qui peuvent atterrir dans votre assiette. Tout d’abord confie James, le premier « live » depuis dix ans, de quoi proposer une sorte de « best of… » avec beaucoup de pièces réinterprétées ici pour l’occasion.
Et puis il y a également ce trio qui enchante notre guitariste, Amin Ali dont il fait l’éloge à la basse et Aubrey Dayle à la batterie. La formation est solide et expérimentée, les trois sont soudés et se tiennent coudes serrés pour offrir un parcours entre idiome blues et « harmolodie » colemanienne, un mélange ici tellement évident qu’il s’impose avec une grande simplicité. « Crying » penche vers la note bleue après deux premières pièces dressées côté free-funk !
Et puis il y a également la technologie qui évolue avec cet album qui présente une prise de son absolument exceptionnelle. Nous sommes sur scène, l’oreille collée aux amplis côté retour, la définition est vraiment très claire et chaque instrument bénéficie d’une lecture propre et claire, l’effet est remarquable.
Le concert s’est déroulé le 25 avril 1994 au fameux « Bayerischer Hof Hotel » de Munich et James « Blood » Ulmer lui-même ne se prive pas d’éloges quant au ressenti qu’il a reçu : « I Consider this record to be a turning point in my recording career. » Voilà, c’est dit ! Ici le répertoire est souvent chansonnier, il interprète les pièces en les accompagnant bien souvent de la voix, à l’image d’une rock star, à ce jeu il s’en sort admirablement.
Bien sûr évoquer Hendrix peut sembler une peu éculé, pourtant à l’écoute de « Boss Lady » c’est le nom qui surgit à l’esprit, son jeu de guitare, si personnel, se rapproche cependant de l’ange tutélaire sans que ce dernier ne lui brûle les ailes, même si ça chauffe côté ampères. James Blood Ulmer est le seul guitariste au monde pouvant présenter une telle musique, un mélange unique de complexité harmonique sur une grille simple basé sur le blues, c’est ce mélange incroyable qui le rend si passionnant à écouter, d’une pièce à l’autre on semble basculer, mais pourtant tout se coordonne avec une confondante évidence !
Ce vingt et unième album du guitariste est également bien rempli, une heure de bonne musique toujours surprenante, à la fois jazz, free, rock, funk et blues. Les deux dernières pièces sont également très convaincantes, « Timeless » pour son originalité et « Make It Right » pour son visage plus rock, s’orientant vers de longs développements, pour se dire « au revoir » et goûter une dernière fois au son de ces guitares bien râpeuses, celle d’Amin et celle de James…