Pharoah Sanders – Live At The East (1972)


Concernant les deux albums parus en mille neuf cent soixante – douze, seul un des deux indique une date précise d’enregistrement, « Black Unity » a été enregistré le vingt-quatre novembre mille neuf cent soixante et onze, c’est uniquement sur cet indice que j’estime « Live At The East » antérieur, les probabilités me font pencher pour cette hypothèse, mais en tout cas, rien de grave…


Mon exemplaire semble authentique, la pochette percée par deux méchants trous réguliers, « punch holes », probablement effectués avec un poinçon. On peut également trouver des pochettes avec un coin coupé ou une entaille sur le côté. En fait ce sont des marques de passage aux « invendus ». Une façon d’indiquer que ces vinyles ne pouvaient être vendus au prix du neuf, mais soldés à petits prix, j’en ai pas mal comme ça, des originaux déclassés.


La formation habituelle est sacrément bouleversée et on a l’impression d’entrer dans une nouvelle ère. Pharoah est toujours au saxophone, mais il y a deux bassistes, Cecil Mcbee et Stanley Clarke, Joseph Bonner au piano et à l’harmonium, Norman Conners et William Hart à la batterie, Marvin Peterson joue de la trompette, Carlos Garnett de la flûte et donne de la voix, en même temps que Harold Vic, Lawrence Killian est à la conga et au balaphone. L’orchestre est très complet avec une rythmique d’enfer et des solistes hors pair.


On trouve trois pistes, « Lumkili » qui est la seconde est partagée en deux, la première partie sur la face A et la seconde au début de la face deux d’après les notes de pochette, mais en réalité les faces indiquent que la pièce est rétrogradée à la fin de la face deux, ce qui est plus exact, il y a également des erreurs concernant les durées. L’album s’ouvre sur « Healing Song » qui dépasse les vingt minutes, c’est une pièce agréable, plutôt « mid tempo » avec des chœurs qui interviennent de temps en temps, apportant une couleur gospel à la pièce. On n’est pas si loin de Tauhid malgré le bouleversement d’orchestre.


C’est un solo de Pharoah qui montre la voie, suivi par un duo de basses exquis, ça commence gentiment pendant la première partie puis Pharoah et l’excellent Marvin Peterson décochent un solo et tout vire free quelques secondes avant de repartir comme si de rien n’était, le final est explosif avec un Pharoah des grands jours, ces quelques notes, restant gravées à jamais pour qui les ré-écoute avec intensité.


La seconde pièce qui se situe donc au début de la face deux est bien « Memories Of J.W. Coltrane », elle prend des teintes hindoues et semble suivre les règles de la musique sacrée, comme un rite funéraire, avec des chants et des psalmodies, bien que structurée son écoute échappe aux canons habituels du jazz et penche du côté de la musique universelle, prônée par Alice Coltrane.


La dernière pièce « Lumkili » est bien jolie et se situe plus dans nos repères, Pharoah a échangé son ténor contre le soprano et se frotte aux lignes plus aiguës, nous ne sommes pas si éloignés du chant coltranien, ce duo de basses mis en place depuis le début montre son efficacité et se concentrer sur leur complémentarité est un régal. La pièce est contemplative et paisible, comme si l’hommage à Trane continuait.


Un album très plaisant et varié, ouvert aux autres musiques, très peu free, il ne perdra personne.

xeres
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Créée

le 14 nov. 2022

Modifiée

le 14 nov. 2022

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