B.B. King, surnommé le roi du blues (fut-ce le seul ?), livre ici ce que la quasi-unanimité de la critique considère comme un des plus grands enregistrements de blues live.
Quand on fait du blues, que faut-il pour entrer dans la légende ? Une voix, certes. Des textes, certes (quoique), une mélodie, bien sûr (mais on le sait, globalement, la grille d'accord du blues repose en général sur quelque chose d'assez stable). Mais surtout, à mon avis, deux choses, au choix (idéalement simultanément, c'est encore mieux) :
- un jeu de guitare hors normes : soit une technique au-dessus du commun des mortels, soit une façon de jouer différente, révolutionnaire, reconnaissable. B.B. King a ça. Le vibrato, la douceur de la guitare, c'est lui.7
- la façon de faire se parler les instruments : les solos de guitare, certes, mais les arrangements, l'atmosphère qu'il dégage, choisir de mettre des cuivres, de l'harmonica... Bien sûr, dans ce live, tout est là
Cela étant dit, comment ressort-on de ce live ? On voit un B.B. King au sommet de son succès, en pleine forme, accompagné d'une belle section de cuivres, avec une qualité d'enregistrement loin au-delà des standards de l'époque.
Moi, j'ai vu aussi une musique embourgeoisée, dans ce live. Presque du jazz de notables. Entendons-nous : qualitativement, on a des musiciens de folie dans les oreilles. Mais le blues que j'entends s'est presque dépouillé de tous ses oripeaux des bas-fonds. Comme dénaturé, devenu de la musique de salon, entre gens bien élevés.
J'exagère, j'ai mis 7. Mais c'est un 7 déçu. Je ne trouve pas que les tripes sont mises dans ce live. Mais peut-être aussi que j'attends un autre son du blues. Mes pérégrinations dans cet univers commencent à me montrer que je préfère un style moins suave, un peu plus brut.