Entrée en scène
Vers 20h30, quand les dernières notes du morceau It’s a Beautiful Word de Noël Gallagher’s and The High Flying Birds résonnent suivi d’un mix époustouflant de Zooropa (par un Willie Williams en grande forme), la salle commence à fortement s’animer. Des images de Berlin dévasté en 1946 apparaissent provoquant une grande émotion dans le public. Pendant que des images de guerre apparaissent (Hambourg dévasté en 1946, Copenhague en 1943, Lisbonne pendant le coup d’état de 1926, Madrid pendant la guerre civile), les paroles de The Great Dictator Speech apparaissent avec en surimpression la phrase « I’m Sorry ». Charlie Chaplin fait une courte apparition suivi d’images de manifestations entrecoupées du drapeau européen, du symbole METOO et de visages de quelques chefs d’états (Trump, Poutine, etc…).
Introduction, sur le plan visuel très différente de la partie américaine de la tournée, véhicule toutefois le même message politique : promouvoir la lutte contre l’obscurantisme, le nationalisme, le racisme, et l’homophobie et toutes les autres formes sourdes de la barbarie qui caractérisent nos sociétés d’aujourd’hui. Démarre alors Black Out avec une entrée des 4 irlandais dans une mise en scène bluffante (je n’en dirai pas plus pour garder l’effet de surprise mais c’est probablement la meilleure entrée du groupe depuis la tournée Pop Mart où il s’extrayaient à l’époque d’une soucoupe volante en forme de citron). Black Out passe très bien en live sous une déferlante de notes de guitare ciselées par The Edge et des flashs imitant des appareils photos. Perché sur un pont au dessus de la scène latérale centrale, Bono habillé d’une veste noire, cuir noir et d’un pantalon en cuir noir noir enchaine une version héroïque de The Lights of Home.
Le groupe s’installe ensuite sur la grande scène centrale et offre au public une séquence nostalgie des années 1980 avec une version très dynamique de I Will Follow. Visuellement cette scène est très réussie : en forme d’un grand ring de boxe (sans les cordes tout autour), elle offre une ambiance quasi intimiste avec le groupe. C’est dans cette même ambiance que le groupe enchaine Red Flag Day. Le titre est joué ici beaucoup plus tôt dans le concert. Il devrait être interprété quasi systématiquement tous les soirs (contrairement à la version américaine). Red Flag Day passe bien en live même si toutes les potentialités en matière de réarrangement musical pour le rendre plus dynamique ne semblent pas avoir été explorées à ce jour (à suivre pour la suite de la tournée). Après Red Flag Day, c’est au tour de Beautiful Day de continuer à électriser la salle. La version jouée ce soir est identique à celle des précédentes tournées avec une scénographie très classique.
Des années 80 en majesté au retour d’Achtung Baby
la première surprise du concert vient avec une version inédite de The Ocean. Encore une fois la présence de The Edge à la guitare sur ce titre est tout simplement bluffante. Finalement, le groupe n’a jamais aussi bien joué que maintenant ses premiers titres des années 1980. Le groupe propose ensuite une ambiance plus calme mais non dénuée d’émotions avec Iris (en hommage à la mère de Bono) et Cedarwood Road (en hommage aux années de jeunesse de Bono). Sur le plan musical et visuel, ces deux versions sont très proches de Innocence Tour mais il est appréciable de voir Bono déambuler sur la grande scène latérale au milieu de voitures et des rues de Dublin dans les années 70 en dessins animées. La mère de Bono apparait aussi brièvement sur le grand écran. Larry s’approche de la scène latérale centrale munie d’un grand tambour accroché à la taille et martèle les premières notes de Sunday Bloody Sunday. C’est une version intermédiaire (mi acoustique avec une partie guitare plus atténuée) qui est jouée ici. cette version de SBS avait déjà été jouée lors de la tournée 360 tour. Elle est toutefois moins dynamique que la version classique et moins originale qu’une version entièrement acoustique (sans batterie) jouée lors de précédentes tournées. Est ce le fait que Bono ne puisse plus jouer à la guitare depuis son accident de vélo qui amène U2 à donner de telles versions de ses titres phares ? Mystère.. Le public apprécie toutefois de voir le groupe réuni sur la scène latérale centrale avec des dessins d’Irlande du Nord. Le morceau se termine avec le slogan « Justice for The Forgotten ».
Le groupe joue ensuite quelques note de transition avec Lord of The Flies puis ressuscite l’Album Achtung Baby avec une version réussie (mais en dessous des précédentes tournées) du mythique Until The End of The World sous des lumières bleues et des vagues déferlantes du plus bel effet. Le premier break du concert est animé par un mix original de Hold Me Thrill Me Kiss Me Kill Me et un dessin animé où la bande à Bono évolue avec des cartouches de BD faisant penser à l’univers Marvel. S’ensuit une nouvelle entrée réussie du groupe (comme pour l’entrée du début, les 4 irlandais semblent sortir de nulle part). Affublé du chapeau de Mac Phisto (qui fait un grand retour après la tournée Zooropa), le groupe offre au public deux versions très dynamiques de Elevation et Vertigo. On regrettera toutefois que le maquillage original de Mac Phisto (pendant la tournée zoo Tv) soit remplacé par une surimpression en dessin animé plutôt moyenne.
Après quelques notes de Rebel Rebel en hommage à David Bowie, c’est une version rare en live de Even Better than The Real Thing qui est offerte au public. Ici la version Fish out of Water Mix déjà jouée sur trois précédentes tournées a été réarrangée sans les overdubs. ) En enchaînant avec Acrobat, le groupe semble vouloir ressusciter les titres d’Achtung Baby. Un projet de tournée anniversaire des 20 ans d’Achtung Baby en 2021 est-il en gestation ?
Émotion acoustique
Réuni sur la scène intimiste ronde dans la partie arrière de la salle, le groupe poursuit son set avec une partie acoustique grâce à You’re The Best Thing about Me (dont les paroles émouvantes résonnent beaucoup mieux dans cette version). C’est au tour de Summer of love d’émouvoir encore plus la salle. Cette fois le groupe est en formation acoustique restreinte avec The edge à la guitare et Bono à la voix. A la fin de la chanson, des visuels d’écran avec des images de migrants traversant la mer Méditerranée, des décombres de villes en ruines et des groupes d’extrême droite européens détestant les migrants apparaissent. .Pendant que des images de groupes d’extrême droite continuent de défiler résonnent les premières notes de The Pride in the name of Love. Cette fois ci le groupe s’est réparti aux quatre coins de la salle sur des petites estrades en bas des gradins. Pour ma part, j’ai été assez impressionné de voir The Edge jouer ainsi juste en bas de mon gradin. A la fin de l’introduction de The Pride, les groupes d’extrême droite sont remplacée par des images de manifestation en faveur des migrants.
Après le traditionnel choeur Oh oh oh sur la fin de The Pride, un drapeau géant européen est dressé derrière le groupe. The Edge joue les premières notes au piano the New Year’s Day tandis que résonnent les premières notes de la basse magnifiquement jouées par Adam Clayton. Contrairement à Sunday Bloody Sunday, c’est une version beaucoup plus héroïque et plus réussie du morceau de The War qui est jouée ici. New Year’s Day est l’une des performances les plus réussies du concert avec beaucoup d’énergie et une qualité musicale exceptionnelle. L’orchestration “basse, piano et guitare” est une réussite. Bono ne force pas trop la voix mais cette version chanson fonctionne bien. Bono entonne a capella l’hymne à la joie tandis que des tubes lumineux apparaissent sur la scène et que démarre l’introduction de The City of Blinding Light.
Même si on regrette que le groupe préfère jouer ce titre plutôt que Where The Streets have no name, la partie musicale est bien réussie. Bono semble être moins en rythme mais le public ne s’en rend pas compte. A la fin de l’outro, Bono complimente Berlin. Le groupe salue le public puis quitte la scène.
Rappel
Le rappel est inchangé par rapport à la partie américaine. La bande à Bono redémarre avec One tandis que des milliers de lumières de téléphones portables illuminent la salle. A la fin de Love Bigger than Anything, le public chante longuement tout seul dans la salle. “Crowd was suprisingly energetic. Singing along , even after Love Is Bigger.” Pour la dernière chanson, Bono remercie longuement le public qui continue de chanter le refrain de Love is Bigger. Il annonce la dernière chanson 3 (there is a light) pendant que The Edge offre une belle performance au piano. Au milieu de la chanson, Bono se dirige vers la petite scène intimiste à l’arrière de la salle et fait tournoyer une ampoule géante. Après avoir remercié une dernière fois le public, le groupe quitte la scène rapidement.
Bilan
Il n’y aura pas de deuxième rappel malgré une excellente ambiance. C’est donc un concert légèrement raccourci par rapport à la version américaine (une chanson en moins) qui a été offert ce soit au public berlinois. Toutefois, l’enchainement et le choix des chansons semblent mieux réglés. Malgré quelques petites erreurs de Bono et un peu moins d’énergie qu’en 2017, le groupe a su partager des séquences d’émotion avec le public sans renoncer à son message politique. Je retiendrai une introduction époustouflante, un revival très réussi des chansons d’Achtung Baby (Acrobat, Even Better Than is the Real Thing, Until the End Of The world) et une version incroyable de New Year’s Day. Le reste est plus classique mais le groupe a fait le job.