Lonely Mountain par bisca

Ornelius Mugison est originaire de cette curieuse grande île au bord du cercle polaire (l'Islande pour les nuls en géographie), terre de contrastes et de bizarreries climatiques s'il en est. Lonely Mountain est un artefact artisanal, réalisé avec les moyens du bord, un peu comme les deux (mythiques) premiers albums de Robert Wyatt. Mais il est aussi conceptuel, puisque l'artiste, joignant l'utile à l'agréable, en gardant pendant les vacances de leurs propriétaires les appartements d'amis partis bien plus au sud chercher du soleil, prit aussi la décision de s'imprégner de chaque lieu pour bâtir les huit titres qui composent ce premier très convaincant album d'emo pop électronique. Huit styles, environnements et tranches de vie, au cours desquels il endosse, en schizophrène accompli, huit personnalités. Au final, huit émotions qui font penser pêle-mêle à des gens comme Tom Waits (période The Black Rider), Stephen Jones, Thurston Moore ou Will Oldham. Comme l'album est assez court, il ne restera plus qu'à faire fissa pour vous imaginer au soleil de minuit, relax dans un alvéole volcanique naturel, prenant seul(e) ou accompagné(e) un bain miraculeusement chaud tandis qu'hors du cocon, il gèle à pierre fendre... Vous avez, montre en main, trente-trois minutes et trente-trois secondes de bonheur devant vous.(Magic)

L’Islande n’a pas fini de nous apporter de bonnes surprises. Björk avait ouvert la voie ; Gus Gus, Sigur Ros et Mùm se sont faufilés par la brèche, suivis par Bang Gang ; et maintenant voici Mugison. Ce qu’on tient entre les mains après avoir enlevé l’enveloppe de cellophane de ce premier album est un objet rare : une pochette en papier recyclé, avec des collages photos et des notes manuscrites, reliée à la machine à coudre de fil rouge et blanc, fermée par un velcro ; on devine déjà que derrière ce nouveau nom se cache un bidouilleur inventif.L’histoire de l’enregistrement de ce disque est également assez particulière. Exilé à Londres et voulant économiser en vue de l’enregistrement de son album, Ornelius Mugison propose de garder les appartements de ses amis. Il enregistrera les huit titres dans huit appartements différents sur son mini studio portatif. Cette discontinuité dans l’enregistrement explique certainement la variété des styles rencontrés à l’écoute de ce disque.Entre le morceau d’ouverture « Sea Y », qui donne le ton avec un mix de ballade folk, de rock classique et d’électronica, et la conclusion de cet album sur cette somptueuse ballade qu’est « Poke a pal », Mugison nous offre un large panel de sonorités. La mélancolie de « Ear » est rapidement estompée par les glockenspiels. « One day she’ll park the car » présente un très curieux mélange de sonorités électroniques et de résonances psychédéliques. On peut également parler des sonorités saturées dans la voix de « I’m on fire » et dans les guitares de « Probably ».L’album dans son ensemble est curieusement très homogène, sans doute grâce à une grande maîtrise de la part de l’islandais. L’impression qui en reste est avant tout une légère mélancolie, tintée d’espoir. Une nouvelle porte est en train de s’ouvrir sur la musique douce.(liability)