Toutes les bonnes choses ont une fin, et pour cet avion du rock psychédélique, le vol s'arrête là. Et l'équipage réussit son atterrissage sans trop de soucis. Successeur du très propre Bark, Long John Silver semble revenir à une production plus standard pour le groupe. On retrouve cette ambiance de joyeux bordel organisé avec un mixage parfois douteux (guitare lead à fond et chant en arrière sur The Son of Jesus par exemple) et des chœurs bien exécuté mais pas toujours très carrés. Les aspects qui faisaient la force d'un album du Jefferson Airplane sont bien présents : variété dans les morceaux (pop, rock, blues, folk), solos de guitares psychédéliques, et mélodies de chant toujours impeccables. De plus, la qualité des morceaux est là et on a droit à de quelques perles. L'album s'ouvre d'ailleurs sur un triptyque très bon avec en son centre la magnifique "Aerie (Gang of Eagles)". On citera aussi la très belle "Easter", un peu classique dans son approche piano dramatique et solo de guitare tout du long, mais d'une force remarquable. Ou encore "Trial by Fire", un blues rock très plaisant avec un chant plutôt original et une ligne de basse géniale. L'album se termine sur un rock endiablé limite punk nommé "Eat Starch Mom", qui aurait sans doute pu faire sensation s'il était sorti quelques années plus tôt. Malgré ces bons moments, le reste de l'album est un peu quelconque (The Son of Jesus et Milk Train notamment) et a du mal a sortir du lot fourni de bonnes chansons du groupe. Là est le soucis de Long John Silver, qui pris à part est plutôt bon, mais qui inspire la lassitude puisque septième d'une lignée d'albums se ressemblant déjà un peu tous. Embourbé des les projets parallèles, on regrette l'échec du groupe à renouveler sa musique et a faire pâle figure au milieu des succès de l'année 1972 (Ziggy Stardust de Bowie , Machine Head de Deep Purple, Superfly de Curtis Mayfield, Obscured by Clouds de Pink Floyd, Exile on Main Street des Stones, le premier effort de Blue Oyster Cult pour ne citer qu'eux). Avec quelques morceaux qui méritent clairement le détour, Jefferson Airplane tire sa révérence de façon plutôt honorable, égal à lui même. Si seulement ils avaient pu en rester là...