Redman, Mehldau, McBride, Blade – LongGone (2022)
Cet album est en fait une résurrection, celle du Joshua Redman Quartet qui sortit, en mille neuf cent quatre-vingt-quatorze, l’album « MoodSwing » avec ces mêmes musiciens qui restèrent ensemble près de trois années. Joshua était alors une étoile montante qui mit vite le pied à l’étrier, mais chacun des musiciens qui composaient ce quartet devint leader et bénéficia de la reconnaissance du public, aussi c’est tout naturellement sur un pied d’égalité que les quatre se retrouvent et partagent amicalement cette pochette.
Joshua Redman est au sax soprano ou ténor, il est également compositeur de tous les morceaux, Brad Meldhau joue du piano bien entendu, Christian McBride est à la basse et Brian Blade à la batterie. A l’énoncé des noms on se doute bien qu’ici ça ne va pas être la révolution et que le plaisir de jouer à nouveau ensemble est le moteur de cette réunion.
Le jazz ici est très classique dans une veine post-bop très convenue, comme en témoigne le titre « Disco-Ears », chacun est un as de son instrument et le « travail » est absolument parfait, c’est cette perfection que l’on a à entendre ici, non pas par goût de l’esbroufe, mais juste par amour de cette musique, pour le plaisir qu’elle procure lors de son élaboration, s’écouter entre amis et réactualiser le passé, retrouver les frissons anciens de la musique co-construite et partagée.
« Statuesque » qui termine la face une, est une ballade méditative ou le ténor improvise longuement, soutenu par les trois autres qui esquissent des réponses et jouent des accords qui servent de tremplin au lyrisme du soliste, avant que Brad ne s’envole avec un soutien de la rythmique cette fois plus régulière. Mais ce sont toutes les pièces qui sont pareillement traitées, depuis l’excellent titre d’ouverture, le morceau titre, jusqu’à « Rejoice », reprise de l’album de quatre-vingt-quatorze, qui clôt cet opus, sur un extrait public enregistré en deux mille sept au Herbst Festival de San Francisco.
Certes l’album est sans surprise, les thèmes sont réussis et leur exécution est sans faille, alors on peut s’interroger, quel est l’utilité d’un tel album finalement puisqu’il s’inscrit dans un style de musique déjà ancienne et qu’il ne rajoute rien à l’histoire, sinon un nouveau chapitre, qui ne contient que des éléments déjà connus?
C’est effectivement une bonne question et chacun y apportera sa réponse, mais ne boudons pas l'offrande qui nous est proposée et goûtons tout de même à ce plaisir de jouer qui émane de cet album, même s’il n’y a aucune urgence à le placer en haut de la pile dans le rang des écoutes… Bon pressage vinyle chez Nonesuch.