Un peu de free sur ESP avec The Charles Gayle Trio enregistré en 94 « live in Santa Monica » en Californie. Côté qualité son la basse de Michael Bisio souffre un peu, c’est en partie dû à ses compères qui font un boucan du diable, Michael Wimberly à la batterie tape comme un damné et Charles Gayle souffle les feux de l’enfer, heureusement il y a quelques moments calmes où le son s’équilibre un peu…
Charles est né en 1939, c’est pas un jeunot et il s’accroche à la religion avec la foi du charbonnier*, c’est en lui, il faut le prendre avec, rien d’étonnant cet hommage à Albert Ayler sur le second morceau, ils partageaient cette même lumière… ou ce même aveuglement, chacun choisira… Ce qui est plus ennuyeux chez Charles c’est qu’il émet des déclarations contre l’avortement et l’homosexualité (in the Name of the Father), c’est parfois désarmant de penser que l’amour de Dieu s’accommode de la souffrance et de l’exclusion…
Ceci dit Charles aime se déguiser en clown, il souffle comme un Dieu, se donne sans compter, se livre tel qu’il est. L’album est puissant, émouvant, d’une sincérité criante, il y a même quelque chose de sanguinolent dans son jeu qui suggère le martyr et le don de soi. Tant de beauté dans ce souffle torturé et c’est l’ombre d’Ayler qui surgit (The book of Révélation) !
* « J'voudrais avoir la foi, la foi d'mon charbonnier
Qu'est heureux comme un pape et con comme un panier. »
Georges Brassens