We live inside the dream...
C'est un doux rêve musical. Vashti Bunyan qui signait là son retour après une longue période de silence et un premier album au début des années 70 (un peu à l'instar de Linda Perhacs par exemple)...
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le 23 août 2017
Just Another Diamond Day, premier album de Vashti Bunyan enregistré en novembre 1969, est un disque culte. Tellement culte et champêtre qu'il a servi de modèle rétrograde à toute une génération de néo-folkeux Devendra Banhart confiant même récemment qu'il lui avait sauvé la mise dans de grands moments de solitude. Tellement culte et rustique qu'on oublie généralement de préciser que le ridicule pointait déjà sous les (très) belles chansons de cette ancienne protégée du manager des Stones, Andrew Loog Oldham. Laquelle a préféré s'exiler sur une île, loin des feux de la rampe que lui offrirait peut-être le Londres des sixties finissantes. On ne s'offusquera donc pas de son retour, trente-cinq ans après, tant cet album prend aux tripes dès les premières (re)prises de contact. Au point de ne plus vous lâcher. Lookaftering fait même partie de ces disques merveilleux, qui troublent le silence du monde sans le réveiller, à la beauté évidente et à la discrétion exemplaire. Revenue aux affaires par le biais d'un maxi en compagnie d'Animal Collective, Prospect Hummer, Vashti Bunyan a su choisir ses collaborateurs avec un goût certain et personne ne fait ici oeuvre de taxidermie. Pas question d'embaumer la vieille dame pour les nombreux participants. Max Richter, Devendra Banhart, Joanna Newsom (qui, précision utile, ne chante pas), Adem ou Adam Pierce (alias Mice Parade) l'entourent de leurs bonnes volontés, mais, au final, on n'entend qu'elle. Le seul intervenant à marquer véritablement ici est Robert Kirby, oui vous avez bien lu, l'arrangeur des deux premiers albums de Nick Drake, qui tisse ici des tapis de cordes beaux à pleurer. Porté par le souffle de cette voix légère et vibrante, Lookaftering est promis au statut de disque culte.(Magic)
Deuxième carte postale envoyée par Vashti Bunyan en plus de trente-cinq ans d’une non-carrière qui l’a vue pressentie pour le rôle - mal taillé pour elle - de Dylan au féminin, puis durablement oubliée avant que, de proche en loin, la rumeur n’exhume son "Just Another Diamond Day" (reparu en 2001) et ne l’intronise vénérable ancêtre de la scène néo-folk. Ce n’est pas un hasard si le lièvre à collier de la pochette, fait écho aux bestiaires fantasmatiques des albums de CocoRosie et Joanna Newsom, et indique le sens de la filiation. Car, à n’en pas douter, la musicienne a encore beaucoup à apprendre à cette troupe d’enfants turbulents, tant elle surclasse régulièrement par sa grâce vocale et la luminosité de ses compositions tous les efforts réunis des rejetons sur ce splendide album. Bien épaulée par la production et les arrangements de Max Richter (compagnon de label), mais surtout superbement servie par le jeu de piano de ce dernier ainsi que - plus discrètement - par la harpe de Joanna Newsom ou la guitare de Devendra Banhart, elle surprend par un folk intemporel et vibrant que sa voix, blanche et juste à désespérer tout apprenti chanteur, habite d’un bout à l’autre. Au cœur du disque, une poignée de morceaux joue assez magistralement des possibles offerts par les combinaisons instrumentales : piano-flûte sur "Hidden", harpe-guitare-flûte sur "Against the Sky", piano-flûte-hautbois-percussions sur "Turning Backs", sommet du disque, avec une voix comme au bord du sanglot. De façon constante, par sa douceur, sa volonté de retrait, une modestie tempérée par la justesse, la voix de Vashti semble exiger de la partition et de son exécution une totale adéquation : ne pas être à la hauteur aurait quelque chose d’indécent. Il n’est donc pas surprenant que la qualité de la musique égale en certains points les meilleurs disques parus cette année, le Sufjan Stevens dans la grâce mélodique, le Antony and the Johnsons dans l’émotion. Nul doute qu’à l’arrivée, ils se partageront les marches du podium. (inrocks)
L’histoire de Vashti Bunyan est un peu celle d’une illusion musicale… La jeune britannique décide d’interrompre sa carrière en 1968, partant en charrette, génération beatnik oblige, pour rencontrer Donovan. Elle continuera pourtant à composer pendant ce périple qui donnera lieu à un album, deux ans plus tard, "Just Another Diamond Day". Et puis plus rien…
C’est donc avec une certaine surprise, même si l’aura de ce premier opus n’a cessé de croître, qu’on la retrouve trente-cinq ans après, pour un deuxième album, "Lookaftering", dont la naïveté n’est pas sans nous rappeler celle qui nous avait séduit aux débuts de Belle & Sebastian. Difficile pourtant de situer dans le temps cette collection de chansons qui aurait pu sortir dans la foulée de ses précédentes réalisations. Des arpèges légers de guitare acoustique, des notes éthérées d’un piano ou d’une harpe, une flûte à bec… une errance magique autour de la voix fragile de cette fleur des champs. Entourée entre autres de Joanna Newsom, Devendra Banhart, Adem, Adam Pierce (Mice Parade), Robert Kirby (Nick Drake…), elle nous charme, nous envoûte, à la fois contemplative et mélancolique.
Sans s’encombrer d’artifices, Vashti Bunyan donne l’impression d’avoir poursuivi indéfiniment sa balade vers l’île de Skye, gardant son âme d’antan, comme si rien ne s’était passé depuis. Sentiment troublant, intrigant et terriblement séduisant. Espérons connaître de notre vivant un autre album de cette délicieuse dame du songwriting… (indiepoprock)
Vashti Bunyan est une star de l’underground. La « Bob Dylan » au féminin a déjà collaboré avec les plus grands, les Rolling Stones lui ont écrit une chanson, et c’est maintenant Max Richer qui lui produit ce nouvel album chez Fat Cat (+ collaborations de Devendra Banhart, Joanna Newsom...). « Lookaftering » est une collection de douces chansons d’un autre temps, qui sont là et qui peuvent vous bercer pendant de longues nuits solitaires. Des harpes s’enchevêtrent aux banjos, aux guitares, aux notes discrètes de piano et aux cordes bien arrangées. Tout est d’une douceur a peine envisageable, les chansons de Vashti Bunyan sont même d’une beauté rare, d’une beauté qui émeut directement, qui touche en plein cœur. Son chant oscille entre lyrisme et folk moderne. On a l’impression de revenir à l’essence même de la musique, et d’écouter l’une des mères de Cocorosie et Joanna Newsom. 35 ans après son premier disque, cette femme basée à Glasgow a depuis longtemps été touchée par la grâce, et c’est avec pas mal de regret que je la découvre seulement cette année. Fat Cat, qui a réussi à attraper ces chansons au vol, peuvent être heureux, ils viennent de signer l’un des plus beaux albums de l’année. Sans jamais être dans l’emphase et le surfait, Vashti pose sa délicieuse voix le plus simplement possible sur des mélodies pas trop accrocheuses, qui ont juste ce qu’il faut pour maîtriser l’auditeur d’un bout à l’autre. Tout simplement envoûtant. (liablility)
Créée
le 19 mars 2022
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