Les cinq trublions de Twin Peaks nient toute référence à la série culte de David Lynch. On peut les croire, ou flairer le mensonge, ce serait leur genre. Entre sérieux et désinvolture, le groupe de Chicago (25 ans de moyenne d’âge) s’est bâti en cinq ans une réputation flatteuse dans le paysage indé américain, en trois albums d’un rock garage aux accents blues, où cohabitent classicisme et enthousiasme potache, entre Rolling Stones et Black Lips, héros déclarés. Le tout promu par des prestations scéniques à l’énergie débordante. Leur quatrième album studio poursuit le virage entamé sur Down In Heaven (2016). Plus policés dans les arrangements, Lookout Low conforte néanmoins tout le bien qu’on pensait de ces gamins voués jusqu’ici aux enregistrements faits maison. Dans leur petite démocratie festive — quatre des membres écrivent et chantent à tour de rôle —, Cadien Lake James et Clay Frankel, chanteurs-guitaristes, ainsi que le bassiste, Jack Dolan, mènent la barque sur fond d’histoires d’amour chaotiques et de vies désenchantées. Leur complicité s’épanouit aussi bien dans de joyeuses cavalcades (Casey’s Groove), que sur des ballades soul-funk (Dance Through It) ou bluesy (Better Than Stoned, Lookout Low). Même si le groupe s’oublie parfois dans des solos étirés et quelques kitscheries, on pense souvent, comme sur le survolté Oh Mama, au lyrisme power pop de Big Star. Ce n’est pas la moindre de leurs qualités.(T)