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Lost Channels est le quatrième album des Great Lake Swimmers, il ressemble comme deux gouttes d'eau calme à chacun de ses prédécesseurs, et c'est celui que vous allez acheter. Pourquoi ? C'est mystérieux. A certains groupes il faut de la persistance en plus du charme. Tony Dekker est un garçon discret et sensible. A aucun prix il n'aurait fait irruption dans votre salon en jurant qu'il allait tout casser. Chemise à carreaux, mine taciturne, chant doux, mélodies ouatées. Six ans après, vous réalisez qu'il est toujours là et que si sa musique a parfois une fâcheuse tendance à partir en volutes ou à se confondre avec certains de vos disques préférés, rien des Great Lake Swimmers ne sonne creux. Lost Channels a le bon goût d'offrir une entrée sonnante et irrésistible : une merveille de folk-rock enchanté, Palmistry. Après, c'est simple, il n'y a plus pour Dekker et ses boys qu'à tirer sur le fil en variant les tempos, et pour l'auditeur à se pelotonner.Au bout des douze stations, si vous voulez faire plaisir à Tony Dekker, dites-lui qu'il a une voix de « grievous angel ». C'est le titre d'un album sublime de son idole, Gram Parsons. Si vous pensez à Neil Young, il ne vous en voudra pas : les GLS viennent de l'Ontario, ont leur base à Toronto. Si vous vous contentez de rêvasser, leur musique est idéale. Elle coule, cascade, rafraîchit, entête. The Chorus in the underground, Unison falling into harmony... même les titres ici ont de la gueule. Satisfait ou remboursé.(Télérama)
Le 28 janvier 2003, la parution du premier album des Great Lake Swimmers balayait les clichés touristiques de l’Ontario. Terminés la vue imprenable de la CN Tower de Toronto et le vacarme de Genèse des chutes du Niagara, l’heure était à l’enveloppe rouillée des silos à grain désaffectés de Wainfleet et aux échos immémoriaux d’une église de Long Beach. La faute en incombait à Tony Dekker, à son flair pour débusquer entre deux briques un fragment d’immensité, à sa voix d’ectoplasme bienveillant et à son songwriting irisé, lequel se pare sur ce Lost Channels d’une fraîcheur dont manquait cruellement son prédécesseur. Routinier et figé dans son naturalisme, Ongiara relevait effectivement plus de la jolie carte postale que du grand voyage attendu. A l’inverse, ce quatrième effort devrait faire du bruit dans le landerneau des tour-operators. Car au-delà des arrangements harmonieux (banjo, mandoline, violoncelle…) et de l’adresse mélodique qui font la splendeur des chansons du groupe, c’est dans son équilibre rythmique, du folk-rock bocager de Palmistry au dépouillement libérateur de Unison Falling into Harmony, que Lost Channels puise son aura de circuit “Merveilles des grands espaces”. (Inrocks)
On revoit bien cette silhouette frêle, ce corps embarrassé égrener ses chansons seul à la guitare sèche, dernier rejeton d’un folk minimaliste et effondré. On revoit Tony Dekker il y a cinq ans, seul en scène, le poids du monde sur les épaules. Pouvait-on imaginer à l’époque que Great Lake Swimmers signait alors un contrat à durée indéterminée avec la beauté et les hautes altitudes d’un folk lumineux ? Jeune garçon propre sur lui transformé en homme à la présence magnétique, Tony Dekker a troqué sa timidité contre une assurance tranquille, probablement héritée d’interminables tournées de part et d’autre de l’Atlantique.
Entouré de quatre musiciens, il livre avec Lost Channels sont disque le plus immédiat, également partagé entre ballades pastorales et folk rock enlevé. Avec son orgue, ses guitares carillonnantes et sa mandoline, Palmistry imprime d’emblée un tempo rapide et confirme la connexion avec Automatic For The People (1992) de R.E.M. Même fluidité mélodique, même beauté mystérieuse. Plus loin, les magnifiques Pulling On A Line, She Comes To Me In Dream ou Still réécrivent la formule magique avec bonheur. Sur ce dernier titre, Dekker semble voir le chemin parcouru, mais assure qu’il est toujours le même : “I’m still mining for light in the dark wells/I’m still searching for whispers inbetween yells/I’m still tuned to an instrument of greater and unknown design/I’m still looking for direction, some kind of sign”. Un autoportrait en forme de manifeste esthétique et personnel, qui éclaire les chansons les plus douces et tristes de ce quatrième album, comme Everything Is Moving So Fast (rythmique discrètement chaloupée et chœurs féminins) ou New Light (sorte de menuet légèrement corseté, avec flûte et violoncelle). La sublime Unison Falling Into Harmony clôt le disque en beauté sur des arpèges de banjo en liberté et ces mots qui résonnent longtemps après la dernière note : "Save up your tears for the next time it rains”. (Magic)
En 1760, une petite embarcation s'avance sur le Saint Laurent, envoyée en reconnaissance par un navire de guerre britannique. Au milieu de cet Eden encore sauvage, l'archipel des "Thousand Islands", le bateau disparaît mystérieusement. On n'en sait guère plus sur cette disparition, si ce n'est que ce passage du fleuve, entre le Canada et les Etats-Unis, est appelé "Lost Channels". C'est aussi le coin qu'ont choisi les Great Lake Swimmers pour enregistrer, et titrer, leur quatrième album, et il faut bien dire que cette ambiance crépusculaire les a particulièrement inspirés. Les références à l'eau, à la nature tumultueuse ou inquiétante, sont insidieusement présentes tout au long de l'album, mais Tony Dekker ne signe pas là un recueil d'histoires sombres ; au fil de "Lost Channels" on dérive plutôt entre ambiances atmosphériques et intimité de sentiments universels murmurés, si bien qu'à aucun moment on n'a l'impression d'une mise en scène des morceaux, mais bien plutôt de douze petites perles imprégnées de l'ambiance des lieux, entre folk terrien et ballade fluviale. D'une simplicité impressionnante, l'album est magnifique de bout en bout ; rythmés par des guitares folk qui chez d'autres paraîtraient banales, les onze titres sont relevés par la qualité constante des compositions, et par la voix de plus en plus lumineuse et veloutée de Dekker, incroyablement expressive. Le banjo se fait plus discret que sur "Ongiara", si bien que l'album déroule ses attraits sous une forme plutôt traditionnelle, guitares basse batterie, plus folk rock que folklo, mais avec une hauteur poignante ("Everything Is Moving So Fast") voire religieuse ("Concrete Heart", ses cordes frottées). Parfois l'album revient à des fondamentaux qui ne sont pas sans rappeler Neil Young dans ses moments de folk brut mais lyrique (période "Comes A Time"), d'autant que les histoires de bayou du Loner ("Thrasher", "Powderfinger") participent des mêmes ambiances, comme sur "The Chorus in the Underground", avec sa guitare picking et ses gimmicks de violons folk : si ces quelques intermèdes ne sont peut-être pas les meilleurs titres, c'est seulement parce que les Great Lake Swimmers ont mis la barre très haut sur "Lost Channels", dont les superbes ballades ponctuent cette lente dérive au fil du fleuve. Comment ne pas vouloir se perdre dans les choeurs de "Palmistry" ou se noyer dans les volutes vocales de "Stealing Tomorrow" ? Les Great Lake Swimmers sont un grand groupe, et, à l'écoute devenue obsessionnelle de "Lost Channels", je me dis que les amples méandres du Saint-Laurent ne sauraient trouver chantre plus émouvant. (Popnews)

bisca
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le 27 mars 2022

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