Love Beach, c'est d'abord le choc de la pochette : trois trentenaires exhibant fièrement leurs poitrines velues dans un décor tropical en carton, et ce ne sont pas les frères Gibb, pour une fois. Où sont passées les visions hallucinées de H. R. Giger ?
Love Beach, c'est ensuite le choc des paroles : des chansons d'amour qui ne s'éloignent des clichés éculés (« gonna make love to you on love beach », duh) que pour sombrer dans le ridicule fini (« we loved so hard we shook the stars above », DUH). Où sont passées les visions hallucinées de Peter Sinfield ?
Comment ça, c'est lui qui a écrit ça ?
...
Pouf, pouf.
Love Beach, c'est enfin le choc de la musique. Où sont passées les flamboyances de Keith Emerson ? Où est passé Carl Palmer ? Ne vous laissez pas abuser par les vingt minutes de la suite Memoirs of an Officer and Gentlemen : ça n'a rien d'un nouveau Karn Evil 9 ou Tarkus, c'est du délayage comme on n'en avait pas vu depuis les grandes heures de Yes.
Oui, mais.
Greg Lake est toujours là. Et Greg Lake, même quand il n'a vraiment pas envie d'être là (c'était le cas de tout le monde, comme souvent avec les albums enregistrés pour raisons contractuelles), il sait toujours écrire des putains de mélodies d'un calibre que plus d'un progueux moyen pourrait lui envier. Et il sait encore chanter avec cette voix enchanteresse qui a fait les belles heures de ses groupes successifs.
Du coup, si l'on fait abstraction du nom sur la pochette (non, de toute la pochette, en fait) et qu'on se met en condition, on se retrouve avec, quand même, une petite collection de chansons pop rock/AOR, certes ultra-calibrées et qui accusent méchamment leur âge, mais pas du tout déplaisantes à écouter et même accrocheuses. All I Want Is You refuse obstinément de quitter ma tête et je me surprends à la réécouter avec plaisir.
Ça vaut bien la moyenne (autrement dit un 6 pour SC).