C’est curieux, les impressions: j’écoutais Love, Fear and the Time Machine, le dernier album de Riverside, sur mes écouteurs à la caf’ du bureau et, soudainement, j’avais l’impression d’avoir Mariusz Duda et sa bande à la même table que moi. Un peu comme si je retrouvais des vieux amis et qu’on déconnait ensemble du dernier épisode de Doctor Who.


Riverside, c’est un groupe de rock progressif polonais, un de ceux qui a sérieusement dépoussiéré le genre pendant les années 2000 en mélangeant néo-prog marillionesque et accents métal. En général, ses albums ont tendance à osciller entre mélodique et brutal, mais Love, Fear and the Time Machine se fait tout doux, en demi-teintes.


Les dix pistes de Love, Fear and the Time Machine coulent de source et coulent d’ailleurs pendant près d’une heure toutes seules dans les oreilles. Elles oscillent entre trois et huit minutes, mais sans jamais empiéter sur l’hospitalité de l’auditeur. L’influence Marillion est toujours présente, avec un goût pour la belle mélodie et l’ambiance intimiste.


Autant je n’avais pas été entièrement convaincu par le précédent album, Shrine of New Generation Slaves, malgré son acronyme rigolo, autant celui-ci m’enthousiasme. J’apprécie particulièrement le diptyque « Lost »/ »Found » qui ouvre et ferme l’album, respectivement, les très prog « Caterpillar and the Barbed Wire » et « Saturate Me » ou « Discard Your Fears », découvert en avant-première au Night of the Prog de cette année.


Alors certes, on pourrait me dire que ce n’est pas exactement l’album le plus osé du groupe; on est loin d’un Anno Domini High Definition; en fait, je trouve qu’on est souvent plus proche de ce que fait Mariusz Duda en solo avec son projet, Lunatic Soul, notamment sur les passages instrumentaux, truffés d’émotions jusqu’à la gueule. Mais ce n’est pas fait pour me déplaire, au contraire.


Ceux qui espéraient retrouver un Riverside mordant, flirtant avec le métal, risquent d’être déçus par ce Love, Fear and the Time Machine, mais ce serait dommage de passer à côté pour autant. C’est un album envoûtant et riche, qu’il faut savourer comme on déguste un grand cru. Et, assurément, le millésime 2015 est de grande tenue.

SGallay
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le 16 oct. 2015

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