Pop Letters

C'est en tombant malencontreusement sur TF1, un samedi soir, et sur l'odieux radio-crochet "The voice". Radio-crochet où des artistes foireux reconnus votent pour de futurs artistes foireux.
Une sorte de régime démocratique musical dégénéré. Sisyphe poussant un tas de merde et se le reprenant sur la gueule, inlassablement. Voilà le triste sort de nos esgourdes blasées.

Hélène Ségara, Jenifer donnant des conseils à de pauvres apprentis vedettes qui trompés par leur jeune âge, ne comprennent pas qu'un artiste se doit d'être sur scène et non de débiter des conseils stériles, qu' hélas, ils débiteront à leur tours à des plus jeunes qu'eux, lorsqu'ils seront devenus comme leurs glorieux ainés, des chanteurs ratés.
Cercle vicieux diabolique de la médiocrité.
Un naze conseillant un jeune con, c'est rarement comme ça que l'on crée les grandes civilisations, à ma connaissance.
Ca pue l'apocalypse, tout ça ! La fin des temps.

C'est quand le mot "Pop" est sorti de la bouche de l'immonde Quebecois Garou, expliquant à de jeunes nymphettes émoustillées, quelques petits secrets pour devenir une star, tuant dans l'oeuf avec ces petits conseils, la navrante carrière qui attendait ces pucelles sans talent.

Ce mot "Pop" me sauta aux oreilles.
Mot passe-partout et allègrement galvaudé. Naviguant des Beatles à Pascal Obispo, des Beach Boys à Christophe Maé ou de Blur à Kyo.
Mot fourre-tout et n'importe quoi.

Je me rappellais à ce mot "Pop", le très chic "English Riviera" de Metronomy. https://www.youtube.com/watch?v=9PnOG67flRA
Album classieux et inventif. Une Pop léchée et résolument moderne. Je décidai de me pencher sur le petit dernier des British, avec la ferme intention d'oublier ce mot "Pop" sortant dégoulinant de sirop d'érable de la bouche inculte de l'exécrable Garou.

"Love letters" est le joli titre du nouvel album des "Popeux" expérimentaux de Metronomy.
Difficile de passer après le succès critique et commercial du très précieux "English Riviera". La voie était toute tracée après les 2 premiers albums. Une voie royale dans l'underground Electro-Pop Rosbif.
Mais "English Riviera" est passé par là et a changer la donne.
Metronomy est passé de l'ombre (relative) à la lumière, dépassant les clivages "Bobo" en enlevant le mot "Electro" pour ne garder que le mot "Pop".
Joseph Mount réussi le pari casse-gueule de ne pas s'endormir sur les lauriers de la Riviera Anglaise et de persévérer dans l'expérimentation et le défrichement "Pop" entrepris.

Il y a quelque chose d'impalpable dans "Love Letters", quelque chose d'insaisissable.
On erre de style en style, d'une Pop 60's cuivrée et mélodieuse à des rythmes disco et funky 70's jusqu'aux expérimentations "Electro" très 80's chères au groupe.
On navigue nonchalamment d'époque en époque. Du petit costume cintré, de la chemise col "pelle à tarte" au futal en soie trop large.
L'enregistrement analogique "Old School", la boite à rythme façon post-Punk glaçante donne un grain particulier à l'ensemble.

Un album équilibré et équilibriste. Une Pop intemporelle.
Joseph Mount, tête pensante du groupe pose sa voix fragile sur ces nappes de synthé opaques et ces solos de guitares cassants. Transformant l'essai de l'égalisation avec son glorieux prédécesseur.
Un opus difficile d'accès, accidenté et cabossé comme tous leurs albums.
Mais si vous survivez à ces merveilleux accidents que sont les albums de Metronomy, il restera de profondes et jolies cicatrices dans votre système auditif.

Que tous les conseils du monde de Florent Pagny et Garou ne parviendront pas à effacer.

https://www.youtube.com/watch?v=zbshkpe7vZE