Selon moi, cet album est la définition du rap "hardcore", version marseillaise, et au delà.
Hardcore, pas pour les instrus, superbes par ailleurs, mais pour l'ambiance générale.
Ça suinte la vie dure.
Ça pue la mélancolie.
Ça sort des tripes.
Ça ne triche pas.
C'est vulgaire mais pas grossier.
Ça ne rime pas toujours, on s'en fout total.
Je l'ai écouté souvent, dans des moments difficiles, et je l'écoute encore de temps en temps.
Je n'ai pas accroché tout de suite, mais, à la longue, ça m'a parlé, au tréfonds.
Quand tu traverses certaines phases délicates de ta vie, cet album résonne.
Ici, pas de clichés à deux balles, c'est du vécu.
D'ailleurs Freeman ne mendie pas, ne cherche pas à te tirer les larmes.
Il s'en fout, il raconte, c'est tout.
Tu prends ou pas, c'est pas son problème.
Et ça, j'aime bien.
Ici, pas d' "Américano" (cf IAM), à la Booba (ex Lunatic méchamment parti en sucette), non.
Ça vient de Mars, déchirée entre les deux rives de la Méditerranée, sorte de Tristes Tropiques de l'Hexagone (car on pourrai parler de Gwada, Madilina, Guyane condré, Mayotte etc etc ... où la vie est au moins largement aussi dure au soleil qu'en métropole, voir beaucoup plus ... mais là n'est pas le propos).
C'est une partie de la jeunesse de France des années 90, pas américaine, un peu gitane, un peu arabe, un peu noire, un peu blanche, un peu beaucoup galèrienne, familles éclatées, chômage de masse, économie parallèle, bordel en bas des tours, désœuvrement, exclusion ... etc etc, mais ça se débat, ça se démerde, H.I.P H.O.P, dans le sens originel du terme.
Bref, c'est quand même très bien.
PS: album inégal, certes.
Quelques perles comme Bladi, le Voile du Silence (à l'époque, les "sœurs" luttaient pour l'enlever, ce put .... de voile) ou encore L'palais d'justice, entre autres.