Eh ben, moi qui pensait que M83 se résumait à Hurry Up, We're Dreaming, en fait ça fait un bon bout de temps qu'ils sont en activité ! 4 albums avant le gros gros succès interplanétaire, M83, premier du nom, 2001.
Il s'avère qu'avant de faire du gros son électro plus "formaté" on va dire (et ce n'est en aucun cas péjoratif, juste que le fait est que maintenant ça passe à la radio, avant c'était plus obscur. Bref.). Je disais que ouais, cet album est dans le même esprit (electro, synthés, et compagnie) mais déjà : entièrement instrumental, pire : ça va même jusqu'à l'ambiant/expérimental.
Et c'est bien !
L'album alterne entre morceaux qui sont de vrais petites pépites, que ce soit purement électro ("Night") à des trucs plus "envolée instrumentale cinématographique" ("Violet Tree"). Ces 2 là sont les meilleures de l'album. On a aussi entre eux des interludes, des petits morceaux ambiants de 1/2 mn. Également, des morceaux vers la fin qui sont plus "zen", plus "salon de massage", mais ce n'est pas bien dérangeant. Le tout formant limite une bande-originale, on dirait parfois du Trent Reznor & Atticus Ross. Une BO pour un film. Le synopsis ? Mmmh, laissez-moi réfléchir…
"Samedi soir dernier, j'étais à une fête. Kelly aussi. Elle est
assise, face à moi. J'ai soudain une vision, un arbre violet. Elle me
regarde, je me rapproche, elle se lève, me caresse lentement le
visage. "Je suis heureuse", me dit-elle."
Cet album, je le sens, a un véritable fond, qui le rend vraiment intéressant. Ce concept-album narre la rencontre entre le musicien (car ça a tout l'air d'être autobiographique, ou en tout cas subjectif : "My Face", "Staring at Me"), entre le musicien donc (je me perd beaucoup avec mes parenthèse. Ah tiens ça recommence). ENTRE LE MUSICIEN ET KELLY donc. Kelly étant une jeune femme rencontrée à une fête. Si au début, les titres des morceaux placent le décor et restent "vagues", ils placent le cadre spatio temporel : d'abord samedi dernier, puis la nuit, puis à une fête. Enfin est introduite, au milieu d'un brouhaha de voix de radios incompréhensibles, Kelly. Pleins de gens parlent, mais ce qui intéresse le narrateur, c'est elle. C'est Kelly. Elle est assise. Le temps devient plus confondu, au niveau temporel, l'action se centre sur la rencontre entre les 2 personnages, l'histoire se précise. Si bien que les 4 derniers morceaux ne forment qu'une seule et même phrase. Qu'un seul et même instant.
"I'm Happy", dit Kelly. Ce morceau de 17 mn est peut être la conclusion d'album la plus intéressante. En plusieurs parties : tout d'abord, le début, appelons cette partie "I'm Happy". Kelly parle pour la première fois, ce ne sont plus ces voix robotisées. Enfin, elle parle, ce n'est que le titre de la chanson qui le laisse suggérer. Car ici, Kelly parle en silence. Et ce silence est accentué de la manière la plus simple du monde : le vide. Rien, nada, que couic. On pourra interpréter ça comme on veut; selon moi, cet instant de silence, d'intimité la plus totale, après la rencontre d'une femme, c'est évident. Ils font l'amour. Et oui les amis. Après les derniers mots, silence, enfin presque : quelques derniers sons ambiants se font entendre, où il faut mettre le volume au max pour les distinguer. Puis une petite envolée instrumentale en milieu de morceau, comme un sursaut, puis littéralement, le néant. Le temps est suspendu. Et, quelques minutes après, la vie reprend son cours, le son revient courir, guitares électriques viennent conclure cette oeuvre.
Oui, à ce niveau là de profondeur, on peut parler d'oeuvre je pense.