Majid Jordan
6.7
Majid Jordan

Album de Majid Jordan (2016)

Après avoir teasé durant plusieurs semaines leur opus en proposant des singles, le 5 février dernier, le duo canadien, Majid Jordan composé de Majid Al Maskati et Jordan Ullman, a enfin dévoilé son premier album studio, on s’est penché dessus.


On retrouve "Learn From Each Other", un premier extrait qui ne nous est pas inconnu puisque il avait été présenté une première fois en août de l’année dernière, puis il a été réédité le 15 janvier dernier. Si les huit premières secondes on décèle facilement une ligne basse composée d’une combinaison d’à peine cinq notes, très rapidement le rythme s’accélère et ouvre le passage à la voix de Majid Jordan qui se joint à l’instru. Un brin cassé, son timbre est idéal pour cette production douce et légèrement rythmée qui nous emporte vers nos projets de vacances en aboutissant par un bruissement de vague et de mouette. Puis vient "Make It Work" qui commence en sourdine tel le son qui s’évade par les écouteurs. On ressent le rythme nous envahir et grâce au refrain répétitif qui se font avec le tempo du drum machine on a presque envie de bondir et danser les pieds nus dans le sable sur des paroles qui n’ont pourtant rien à voir et qui nous sortent finalement de notre rêve.



All I Keep is Thinking is Work,
Make It Work X6


On atterrit sur le fameux extrait "My Love" que le duo partage avec Drake. Dévoilé depuis juillet 2015, ce morceau correspond bien à l’ensemble de l’album tout retrouvant le charme urbain grâce au jonglage des rythmes lents et rapide entre couplet et refrain. Un double face qui fait allusion à l’histoire raconter :



I had an idea in my head I pictured this going differently Even when you sleep in my bed I
Know you’re not mine



On enchaîne avec "Small Talk" et "Pacifico", ces deux morceaux qui font partis des meilleurs de cet album nous entraîne dans le même état d’esprit dû à leur ressemblance instrumentale et rythmique poussé par le synthé et les basses percu. Si "Small Talk" parle principalement de sentiment amoureux et d’engagement, "Pacifico" évoque une envie d’aller vers d’autres horizons, ces deux titres nous font errer à travers des sensations de désir, d’incertitude, d’espoir et de mélancolie étrangement agréable.


QUELQUES IMPERFECTIONS


Une émotion rapidement balayée par la piste 6 avec "Shake, Shake, Shake". Ce titre est sûrement celui qu’on jetterait dans la corbeille si on pouvait le faire. Pas du tout plaisant à l’oreille, aussi bien à la première écoute qu’à la dixième, on accroche pas du tout sûrement à cause d’une mauvaise prod’ qu’on croirait tout droit sorti d’un vieux clip des années 80. C’est vrai qu’ils n’ont rien à perdre comme ils le chantent mais c’est sur qu’il n’y aura pas grand monde sur la piste de danse avec ce titre aux notes ringardes ! On passe.


On est ravi d'enchaîner sur "Love Is Always There", qui nous entraîne sur une ballade saccadée représentant à perfection ce titre. Une voix murmurée dans un premier temps, accentuant les frissons sur la peau, mais qui s'étoffe à la cinquantième seconde, on s'engouffre dans un passage sensuel, enivré par les basses qui résonnent dans notre tête et un bridge qui s'accorde aux battements de notre coeur. On ne veut pas se réveiller et pourtant on est bien obligé avec le single qui suit, "Warm". Alors oui, c'est vrai que c'est sympa les interprétations lascives de temps en temps, mais là c'est bien trop exagéré et du coup rien n'en ressort, même la prod' est froide et vide bien qu'elle surfe sur un son aux consonances r&b, ce qui est complètement paradoxal avec le titre "Warm" qui veut dire Chaleur.


On fait la transition avec "Something About You", une production signée Illangelo, connu pour ses collaborations régulières avec The Weeknd, l'autre protégé de Drake. Ce titre est parfait pour les ambiances clubbeuses, d'ailleurs on pense au duo anglais, Disclosure, qui joue dans la catégorie de l'électro pop. Toujours aussi soigné dans leur écriture, avec ces basses percu' sorti tout droit d'une boîte à rythme, c'est là que l'on ressent cette envie d'emprunter une autre voie de la part de Majid Jordan. Toujours dans la douceur de leur voix, on passe à "Day and Night" qui avait été dévoilé depuis fin janvier. Ce tube qui est l'un des plus long de leur album, plus de cinq minute d'écoute, est également imprégné de l'esprit pop électro et s'attarde une fois de plus sur la tentation et la jouissance.


LES INFLUENCES SOUL


Le calme revient avec "King City" qui prend le relais, et lui non plus ne nous est pas inconnu. Les artistes ont pu compter sur Nineteen85 qui s'est chargé de la production présentée il y a plus d'un mois. "King City" est la perle de cet opus, alliant neo soul et synthé sur des fréquences légèrement pop-lentes, les voix grimpent dans les aigus et rappellent le style de Maxwell. "Every Step Every Way" vient clôturer ce LP. Toujours dans une inspiration électro, ce morceau, sorti mi-janvier, est une invitation à les suivre mais on ne sais pas si on en a vraiment envie.


Cette dernière piste nous laisse perplexe, on aime et à la fois on n'est pas convaincu. Le texte est bien mené, la passage du bridge est séduisant mais on n'accroche pas vraiment avec le reste car on ressent un manque de passion dans cette mélodie, c'est dommage pour une fin de session. Quoiqu'il en soit c'est déjà la fin du bal, on en aurait bien voulu un peu plus.


Nommé simplement Majid Jordan, cet album est comme on l’avait prédit. Après l’écoute de leurs premiers singles lâchés ces dernières semaines, il s’avère bien que les protégés de Drake aient pris une direction pop électro avec cet album. Certains diront et chipoteront en prétextant que c’est du r&b hipster, mais soyons honnête : ça ne l’est plus. Pourtant, bien que les deux jeunes hommes s’éloignent du genre, ça ne veut pas dire qu’ils ont définitivement tourné le dos au r&b, car il est vrai qu’on retrouve toujours quelques inspiration issus de la soul et de l'environnement urbain. En revanche, ce LP aux allures de EP, ne contient que douze titres, ce qui ne laisse pas vraiment de surprise en sachant que l’on en connaît déjà la moitié. D'un point de vue esthétique, on ne mentira pas, cet album nous plaît, on accroche en majeure partie même si quelques pistes laissent à désirer. Maintenant reste à savoir si on continuera à les suivre en raison du chemin qu'ils ont l'air de prendre, mais on garde espoir en se disant que Drake les aidera à conserver un pied dans la culture hip-hop.

Hype_Soul
6
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le 10 févr. 2016

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