Après deux EP remarqués, la britannique Greentea Peng, de son vrai nom Aria Wells, propose son premier – très – long format intitulé Man Made, paru le 4 juin chez AMF Records.
Greentea Peng est avant tout un sacré personnage tant dans la forme que le fond. Arborant de nombreux tatouages aux différentes significations, elle se plait à s’habiller de manière très voyante. Sur le fond, elle prône une musique portée sur la conscience et la guérison des âmes. Et ce n’est pas qu’en surface : Man Made est produit et enregistré sous la fréquence 432 hertz plutôt que le standard 440 hertz, défini au milieu du 20 ème siècle, car cette fréquence serait moins abrasive et plus propice à la détente.
Celle qui ne veut pas être une popstar et qui n’est sur les réseaux sociaux que par obligation marketing, fait valoir que c’est une bénédiction de perdre des followers quand on dit des vérités (Kali V2). Elle tient à semer les graines de la conscience (Earnest) quand bien même cela conduit à un champ de bataille intérieur qui peut faire souffrir au delà de ce qu’on voit (Suffer). Elle n’hésite pas non plus à faire l’apologie de la marijuana et des champignons (Free My People, Party Hard Interlude).
Musicalement, Man Made propose une sorte de néo-soul frôlant le hip hop (Nah It Ain’t The Same, Earnest et son synthé d’un autre âge, Satta, Dingaling) mais aussi le dub (Mataji Freestyle), le slow rock et le rock (Maya et Sinner), le lounge (Meditation) ou encore le jazz (Poor Man Skit). Quel que soit le style approché, les productions, oeuvres du collectif Earbuds, sont d’excellente facture.
Si globalement les 18 titres que composent l’album proposent des vibes bien senties, on est frappé par le peu de chant et la forte présence de quasi Spoken Word qu’elle dépose avec un flegme certes attachant.
Parlant de soul britannique on pense forcément à Amy Winehouse ou Miss Dynamite, Greentea Peng n’a ni la puissance vocale et les capacités de chant de la première ni la simplicité de la seconde.
Toutefois, avec une vraie signature vocale et musicale, Man Made présente la prouesse d’être à la fois varié et cohérent sur plus d’une heure que durent les 18 titres et on revient inlassablement vers plusieurs de ces derniers.