Many Nights, beau et envoutant.
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Il m’arrive parfois d’avoir faim. Il m’arrive parfois de passer devant une boulangerie. Il m’arrive parfois d’avoir faim en passant devant une boulangerie.
Dans ces moments-là, n’étant pas un aventurier gustatif de l’extrême, et redoutant plus que tout les IDBI (Immenses Déceptions Boulangeriales Incontrôlées), j’achète une part de flan. Bien que manquant cruellement de glamour, le flan possède de nombreux atouts. Rapide, simple et efficace, cette douceur au visuel ingrat peut également se décliner sous de nombreuses versions : custard tart britannique, pastel de nata portugais, pasticcioto italien…
Le flan s’est ainsi imposé à travers les âges comme une référence boulangère, un mètre étalon de la qualité de tout chef pâtissier qui se respecte. « Sans flan, point de salut » disait d’ailleurs notre chère Maïté : si le flan est décevant, caletez sans attendre, le reste le sera tout autant. Et même s’il n’atteindra probablement jamais ni la popularité, ni les sommets culinaires entrevus par l’indétrônable éclair au chocolat ou autre tarte au citron meringuée, le flan pourra toujours compter sur ses irréductibles fidèles. A la manière d’un 5 à 7, il ne saurait nous apporter de réponse ou nous garantir un avenir meilleur. Non, le flan n’est pas un homme facile, simplement la promesse d’un instant de bonheur délicat et éphémère, un pied de nez aux tourments de notre fragile réalité, une communion avec notre humanité nouvellement retrouvée. C’est bien là toute la noblesse du flan, valeur sûre parmi les valeurs sûres, douce et tendre épaule sur laquelle se reposer lorsque les ténèbres nous pénètrent.
A propos d’épaule, je peux déjà sentir la mienne vibrer sous le tapotement frénétique de vos doigts. « N’était-il pas question d’une critique musicale ? Quid de Many Nights, nouvel EP de Motorama ? Quel rapport avec le flan ? »
Ce à quoi je réponds : patience, patience. Votre curiosité sera bientôt assouvie. Il s’agirait de ne pas flancher après avoir fait tout ce flan sur le flan.
Flan transition, voici la raison de mon apologie du flan.
Si le flan est à la pâtisserie ce que le 5 à 7 est à l’Amour ou ce que le yorkshire est à la race canine, Motorama est le flan pâtissier du post punk. Et son nouvel EP, Many Nights, un flan coco. Malgré leur apparence froide et flasque (qui a dit spongieuse ?), le quintet devenu quatuor et à présent trio originaire de la mère patrie a su contenter les amateurs de post punk depuis leur très remarqué premier album Alps, sorti en 2010. Une voix d’outre-tombe made in goulag, une basse qui résonne fort, des guitares mélancoliques, des parties de batterie classiques pour le genre et quelques claviers dispersés par-ci par-là : la recette est simple, et ne change pas ou peu, mais comporte toujours cette même garantie Motoroma, Russian qualitat, sur le produit final. Si bien que si on prend toutes les chansons du groupe individuellement, il est difficile d’en trouver des foncièrement mauvaises. L’inverse est toutefois aussi applicable : difficile d’isoler des chansons, ou même des moments réellement marquants, tant l’ambiance générale d’un album reste inchangée tout du long. Cette uniformité fait donc à la fois la force et la faiblesse du groupe et de chacun de leur projet.
Many Nights se singularise dans leur discographie par sa volonté d’amener un son moins mélancolique et plus optimiste (d’où la chapelure de coco saupoudrée sur notre flan post-punk initial). Laissant davantage de place aux synthétiseurs dès les premiers morceaux Second Part et Kissing the Ground, les trois Russes, maintes fois comparés à leurs illustres prédécesseurs de Joy Division, semblent cette fois-ci s’orienter vers une esthétique plus proche des 80s de New Order. Sans toutefois jamais trop s’éloigner du post-punk pur et dur, qui reste leur inamovible cœur de métier.
Et c’est plutôt réussi : on se retrouve parfois à secouer la tête et remuer des épaules, comme sur le presque kitsch This Night ou l’entraînant Voice from the Choir (mon morceau préféré de l’album), et l’ensemble des morceaux s’enchaîne de manière cohérente, sans véritable faute de rythme.
S’il ne parvient pas non plus à prendre tout à fait son envol, cet EP vaut tout de même le coup qu’on y jette un coup d’oreille, qu’il s’agisse d’une oreille aguerrie à la froide russeur (ou russe froideur, je ne sais plus) de Motorama, ou d’une oreille simplement curieuse et désirant creuser un peu plus dans un genre musical particulier. Je recommande une écoute nocturne pour une meilleure immersion, avec un bon système audio, un bon plaid et… un bon flan, évidemment.
Créée
le 26 oct. 2018
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