C'est pas ma came, mais j'y mettrais peut-être 4 ou 5 dans un bon jour… si cet album n'avait pas tué les Electric Prunes. En effet, Mass in F Minor est en réalité un projet de David Axelrod imposé au groupe par leur manager, David Hassinger. Les Prunes, jugés trop incompétents avec leurs instruments, ne jouent même pas sur la moitié du disque ! Frustrés d'avoir perdu le contrôle de leur carrière, ils se séparèrent un peu plus tard (ce qui n'empêcha pas Hassinger de continuer à exploiter leur nom jusqu'à la corde). Autrement dit, Mass in F Minor a tué l'un des groupes de garage / pop les plus prometteurs de la fin des années 60.
Et tout ça pour quoi ? Une messe psychédélique (lisez : bordélique) qui alterne des chants grégoriens a cappella avec de longues jams instrumentales pleines de fuzz et d'orgue, où l'on ne retrouve que par endroits le son des Prunes. N'attendez pas quoi que ce soit de mémorable ou d'intéressant, ça s'écoute camé jusqu'aux oreilles ou ça ne s'écoute pas. Si vous avez vu Easy Rider, le Kyrie Eleison accompagne la scène du bad trip à la Nouvelle-Orléans, ce qui est tout à fait approprié : c'est tout autant un produit de son époque que ce film. Après les bijoux qu'étaient leurs deux premiers albums, c'est une effroyable sortie de route. Dieu merci, ça ne dure qu'une grosse demi-heure.