J'aime surtout maths et dessin
A seulement 22 ans, Dizzee Rascal sort déjà son troisième album. Le premier, "Boy In Da Corner", s'était attiré les faveurs des Mercury Prize, un honneur pour ce jeune MC issu des bas fonds d'East London et formé à l'école (buissonnière) des radios pirates. Depuis 2004 et le précipité "Showtime", Dizzee s'était fait un peu discret, assurant quelques collaborations (Arctic Monkeys,...) ou s'occupant de son label Dirtee Stank.
Dizzee Rascal n'a pas perdu son goût pour l'expérimentation, les instrumentations sont toujours aussi bizarres, faites de rythmiques syncopées, de nappes aquatiques (World Outside) et de basses dégoulinantes (Flex). N'oublions pas qu'il compose lui même la plupart de ses morceaux, accompagné de son acolyte de toujours, Cage, même si ponctuellement, il fait appel à d'autres producteurs, Shy FX (auteur d'un morceau drum'n'bass funky sans âme, Da Feelin') ou Footsie, l'un des bons élèves de l'écurie Dirtee Stank (notamment sur le vicieux U Can't Tell Me Nuffin'). Dizzee Rascal s'amuse avec la pétillante Lily Allen sur le très ska Wanna Be mais rate son expérience grindie Temptation dont on préférera la version Arctic Monkeys.
On pourrait reprocher à "Maths + English" un tout petit manque de cohésion, mais c'est aussi qui fait le charme de cet album : l'enchaînement du beat old school hardcore de l'incroyable Pussy'ole (Old Skool) avec le crossover rock / hip-hop puissant (Sirens) puis le meilleur morceau d'album (le sensationnel Where Da G's, avec les légendes américaines d'UGK), est quand même absolument génial...
Les beats vicieux, la gouaille élastique, Dizzee Rascal est peut-être aujourd'hui le seul représentant anglais à être capable de rivaliser avec l'Amérique. "Maths + English" n'est peut être pas encore le disque parfait que nous attendons, mais il est efficace, aventureux et original. Si vous pensez que la musique actuelle n'invente plus, vous pourriez changer d'avis rapidement.