Dans la famille Tricky, je voudrais l'oncle : Finlay Quaye, sorti des faubourgs de Manchester plutôt que du ghetto de Bristol. Chacun sa route mais curieusement, à famille éclatée (dans tous les sens), une discothèque communautaire. Finlay Quaye n'a pourtant pas grand-chose à voir avec le parrain du trip hop mais partage avec Tricky certaines influences déterminantes : Bob Marley, Peter Tosh et toute la mafia de Kingston, ultra-présente sur Maverick A Strike. Du lover's rock toasté de Ultra Stimulation au dub stylé de Even After All, en passant par le steady de Love Gets Sweeter, c'est le large éventail du reggae original de Jamaïque plutôt que sa descendance ragga/jungle qui se trouve en ligne de mire du jeune Zionman. Pourtant, on n'y retrouve que parcimonieusement l'éthique de Jah Rastafari, distance et immigration oblige. Finlay Quaye est donc un puriste emprunté, ce qui n'empêche pas son album de s'écouter très agréablement : belle voix, jolies chansons groovant paresseusement, trouvailles de rythmes et cuivres ensoleillés. Parfois, les séquences instrumentales de Red Rollers & Seen le font voyager du côté du Karmacoma de Massive Attack, le sommet étant le délicieux Falling associé au clin d'oeil trickyesque I Need A Lover. Bref, dans cette sacrée famille, les rôles sont donc distribués : à Tricky, le privilège de l'album de l'année, à Finley Quaye, le plaisir du disque de l'été. (Magic)