Les soi-héritages

Lady Gaga est une artiste que j'admire énormément. Je sais que ça fait un peu cliché de dire une chose pareille, mais je suis tombé amoureux de son univers lors de sa période Born This Way quand j'étais au lycée.

L'album n'était pas une réussite absolue mais avait au moins le mérite de tenter énormément de choses différentes. C'est une artiste iconoclaste, à tel point qu'elle avait mis à nu l'ego de Madonna qui a détesté son approche de sa chanson Born This Way qui n'était pour elle qu'une simple copie ratée de son morceau Express Yourself.

Lady Gaga a été délégitimée une des plus grand star de la pop de l'époque.

Gaga a souvent été influencée par les approches d'Andy Wharol. Je ne connais pas assez son oeuvre pour pouvoir vous en parler ici, cependant elle répondra à Madonna dans la dernière chanson de Chromatica "Babylon" : "money don't talk, rip that song" (l'argent ne parle pas, extrait cette chanson) qui est pour moi le meilleur résumé de ce que pourrait être le pop art en tant que mouvement artistique.

Ici elle dira rip that song et non "rip off that song" qui est considéré comme un vol de propriété intellectuelle. Madonna dans un de ces concerts, dira "she's not me" (elle n'est pas moi) en jouant Express Yourself puis Born This Way à la fin de ce mouvement musical.

Mais on peut très bien l'entendre des deux façons. Il y a toujours un certaine anomie dans son univers mais aussi un fort humanisme et sensualisme. Lady Gaga aime la variation, étant pianiste depuis son plus jeune âge.

Aussi surprenant que cela puisse paraître en parlant d'un tel album, je pense qu'il s'agit d'un geste extrêmement radical.

A ce jour, nous avons eu trois clips entourant l'album. Die With a Smile, Disease et Abracadabra, matérialisant ainsi trois univers différents dans la galaxie de ses soi, Gaga étant une artiste polymorphe et chimérique.

Polymorphe de par ses activités, pianiste, danseuse, chanteuse, actrice.... et chimérique en raison de ses très nombreux héritages culturels, entre christianisme, culture queer, traumatismes et volonté d'auto émancipation pour évoluer en tant qu'artiste.

Et ça me parle. Enormément.

Cet album est une certaine idée de la liberté artistique, surement la plus belle qui soit à mon sens, assumer ses héritages et ses formes, multiples les regarder en face et dialoguer avec pour mieux s'en libérer sans pour autant les détruire.

Pour autant, si je trouve le concept génial et beau, l'exécution me rappelle celle de Born This Way mais réactualisée à la sauce SAWAYAMA, le premier album de Rina Sawayama [artiste britanico-japonaise indépendante, proche de Lady Gaga].

Et ayant déjà une forte attache avec ces deux univers, je ne peux manquer de me dire que cette galaxie risquerait assez rapidement de suffoquer sur soi-même à mon sens en raison de mon attachement émotionnel fort à ces derniers.

En espérant que le temps me donne tort.