McCartney III
6.6
McCartney III

Album de Paul McCartney (2020)

Alors que pratiquement la Terre entière se retrouve confinée au printemps dernier, un anglais particulièrement emblématique se retrouve enfermé chez lui, entouré de ses instruments de collection qu'il chérît et affectionne depuis une soixantaine d'années. C'est ainsi que Paul McCartney enregistre une chanson, puis deux, l'appétit grandissant et l'inspiration affluant de plus en plus. Quelques semaines plus tard, sans que rien n'ait été prémédité, 11 morceaux sont dans la boîte. Paul s'est fait plaisir, pas de producteur à l'horizon, ni discussion avec les labels, ni quelconque musicien pour partager la moindre réserve. Une configuration qui n'est pas une première dans la carrière de Macca. En 1970 déjà, fraîchement placé à l'isolement après son retrait des Beatles, Paul enregistre et produit son premier album solo, nommé simplement : McCartney. Puis en 1980, cette fois ce sont les Wings qui se séparent et Paul qui se retrouve donc seul en studio face à ses vieux démons. Car depuis toujours c'est un expérimentateur, souvent freiné, ou canalisé par ses compagnons de route. Lorsque sort ainsi McCartney II à l'aube des années synthétiseurs, c'est un contenu étonnant que découvre le grand public qui se retrouve face aux tendances visionnaires de l'intarissable british. Mai 2020 cette fois, Paul réalise qu'involontairement il a remis ça, ce qu'il tient gravé dans ses bobines s'appellera forcément McCartney III. Il fait la part belle à ses envies les plus variées, l'introductif et répétitif Long Tailed Winter Bird annonce la couleur. Jamais le moindre producteur n'aurait accepté une telle offensive instrumentale tête baissée. Et là j'adhère à 100%, probablement mon titre favori de cette énième galette qui se rajoute à ma collection. Il indique clairement que McCartney ne prendra aucun détour, ne réfreinera aucun de ses désirs du moment. C'est du pur jus, du travail de passionné et d'acharné. Le très Eels-esque Find My Way et Pretty Boys seront bien là pour servir de singles radiophoniques, mais les titres s'enchaînent ensuite comme autant de propositions différentes rappelant les différents styles musicaux ayant pu avoir les faveurs de Paul au fil des années. Sur Women and Wives il revêt ainsi le costume de Johnny Cash, tandis que Lavatory Lil verse dans le blues et Slidin' dans le rock un peu âpre. Deep Deep Feeling est un autre exemple de l'obstination affichée, affichant 8 minutes au compteur et installant progressivement une ambiance indescriptible et parfaitement ciselée. The Kiss of Venus et Seize the Day viennent rappeler que nous avons bien affaire à un ex-Beatles tandis que Deep Down ramène un peu de modernité et vient contraster avec un final enregistré l'oeil fixé dans le rétroviseur. McCartney III est un disque entier, sans artifice, très peu calibré pour le grand public. C'est l'album d'un artiste décidé à se faire plaisir et qui saura impressionner au fil des écoutes. Rappelons que derrière chaque composition, chaque instrument joué, chaque assemblage effectué lors du processus de production, il n'y avait qu'un seul homme. Très rares sont ceux qui savent le faire sur cette planète. McCartney prouve qu'il est définitivement l'un des musiciens les plus complets de son époque et que l'âge a bien peu d'emprise sur son talent.

Créée

le 30 déc. 2020

Critique lue 380 fois

3 j'aime

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