Meds
6.3
Meds

Album de Placebo (2006)

La rumeur courait depuis quelques semaines. Le nouvel album de Placebo, Meds ? cinquième du trio ?, serait celui du retour aux origines. Celui-ci sonne pourtant comme un cinquième album de Placebo classique, version 2006 ? soit en d'autres termes : une succession de morceaux exaltés et de chansons un peu lourdes, cinquante minutes de cohabitation entre moments de génie comme on en connaît chez The Cure et refrains mégalos comme on en entend chez Muse. Avec une moyenne de bons morceaux nettement plus élevée que sur les deux disques précédents. Du côté des instants de grâce, le disque s'ouvre sur des préliminaires alléchants. Sur Meds, Molko chante un duo avec VV de The Kills : comme elle, la chanson est tendue, troublante, sexy en diable, à l'image des Teenage Angst ou autres 36 Degrees des commencements. Le disque continue avec ce qui pourrait être le meilleur titre de la carrière de Moby ? cela s'appelle Infra-Red et devrait squatter les radios FM pendant au moins six saisons. On applaudira aussi le très efficace Post Blue ? un titre pompier mais pas pompeux, dont la mélodie n'aurait pas détonné sur le dernier album de Depeche Mode. Et qui permet à Brian Molko de retrouver ses thèmes chouchous : sexe et drogues. Et rock'n'roll ? Certes, mais pas n'importe lequel. A une époque où la majorité des guitares se jouent à l'ancienne, dans des caves londoniennes ou des clubs new-yorkais, celles de Placebo sont définitivement plus modernes. L'album, d'ailleurs, a été mixé par Flood (Depeche Mode, PJ Harvey, Smashing Pumpkins) et il suffit d'écouter les instrumentations du lunaire Follow the Cops Back Home ou de Because I Want You pour comprendre, mieux encore que sur les quatre albums précédents, la fascination profonde de Placebo pour le rock froid des années 80, ce son métallique, sombre, glacial, qui hérisse le poil plus qu'il ne le caresse dans le bon sens. L'album s'achève sur un Song to Say Goodbye parfait en ce qu'il réunit tous les paradoxes de Placebo : un rythme obsédant et une mélodie très pop, une voix nasillarde et une production léchée, un contenant idéalement formaté pour la radio et un contenu trop complexe pour le grand public. Molko, l'air de rien, y évoque des chansons de Lennon et de Neil Young ( You are mother nature son, You're the needle and the damage done ). Si l'histoire ne permet pas encore de savoir si les poupons de 14 ans qui découvriront le groupe cette année y saisiront toutes les références, elle ne nous interdit pas d'espérer que cela leur donnera une chouette raison d'apprendre. C'est déjà très bien. (Inrocks)


On ne se fera pas surprendre par Placebo. Brian Molko et ses deux comparses ont soigneusement éprouvé une formule efficace et ne prennent pas le risque de casser le jouet. Quelques évolutions, pourtant, à porter au crédit de ce disque. Molko a abandonné ses formules choc et ses déclinaisons complaisantes de la décadence. L'album s'ouvre et s'achève bien sûr sur des histoires de dope : Meds,en duo avec Alison Mosshart (The Kills), évoque la déchéance et la sale gueule dans le miroir, Song To Say Goodbye dit la colère et le découragement face à un ami junkie. Le disque est essentiellement centré sur le thème de l'addiction (amoureuse, notamment), et, dans ces histoires de colère, de vengeance et de jalousie, il y a (un peu) plus d'humanité. Musicalement, l'arrivée de Flood aux manettes accentue fatalement la tonalité 80's, présente depuis toujours, mais sans caricature. Song To Say Goodbye,le premier single, est indéniablement l'une des meilleures chansons radiophoniques du groupe, tout comme One Of A Kind, basé sur un gimmick d'harmoniques de guitares trafiquées. In The Cold Light Of Morning est une ballade lunaire fort honnête. En revanche, Broken Promise ne justifiait pas d'inviter Michael Stipe pour un titre qui veut jouer des paroxysmes (ballade au piano et rock épique), mais manque franchement de la moindre subtilité. Mais est-ce la subtilité qu'on va chercher chez Placebo ? Néanmoins, après un disque de la reconnaissance adolescente qui ne faisait que compiler le passé et offrir un "digest" de la subversion pour enfants sages, Placebo semble se donner de plus estimables ambitions.(Magic)
Ecrit en France et enregistré à Londres avec le producteur français Dimitri Tikovoï, “Meds” est censé, si l’on en croit toute la presse plus ou moins spécialisée, marquer le retour de Placebo à un rock plus primal et moins aseptisé. Et faire ressurgir les magnifiques fantômes des deux premiers albums du groupe. A l’écoute de « Meds », cet angle marketing gentiment adopté par la quasi unanimité des critiques rock n’est pas si erroné, mais un peu exagéré et assez facile. Car non, Placebo ne sortira plus jamais son premier album... Non, Placebo ne sera plus jamais ce groupe à la rare fraîcheur du premier LP éponyme (dix ans déjà !). Non, Placebo ne vient pas de sortir son « chef d’œuvre » attendu depuis 1998. S’il est vrai que « Meds » se révèle meilleur que les deux derniers opus du groupe, il n’est néanmoins pas la petite perle rock qu’on semble ériger ci et là. Les très bonnes chansons de l’album (Drag, Infra Red, Follow The Cops Back Home, Pierrot The Clown, Broken Promise featuring Michael Stipe...) sont en effet plus courantes qu’à l’accoutumée. Mieux écrites, plus personnelles, moins putassières et mieux mixées (Flood, qui a bossé pour les Smashing Pumpkins, U2 ou Depeche Mode est passé par là), ces chansons ne parviennent pas, au bout du compte, à faire oublier la voix de plus en plus irritante du pourtant talentueux Brian Molko. Dispensables, voire inécoutables, certains morceaux comme Space Monkey ou Post Blue ont du mal à être excusés par nos oreilles, habituées à des envolées lyriques d’habitude moins goguenardes.Brian Molko est bourré de talent, et Placebo a le mérite inestimable d’accorder ses guitares abrasives vers le futur, et pas vers un passé empoussiéré comme le font la plupart des groupes de rock nés depuis l’éclosion des (pourtant) excellents The Strokes en 2001. Mais la sauce Molko ne prend décidément plus comme elle pouvait le faire jusqu’à « Without You I’m Nothing »… On n'est pas dans un album-de-la-seconde-naissance, juste dans la bravoure et l’intégrité artistique d’un groupe qui essaie de réitérer ses exploits de jeunesse. C’est vain, mais tout de même beau à voir. (indiepoprock)
bisca
7
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le 12 avr. 2022

Critique lue 47 fois

bisca

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Critique de Meds par Pish

Pas d'émotion particulière à l'écoute de Meds. Je préfère le Brian Molko énergique des débuts.

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Meds
GuillaumeL666
7

Space monkey

Meds est un album plutôt agréable à écouter sans pour autant être révolutionnaire. Le style de Placebo est mis en place et fonctionne bien, avec de bons musiciens et des bonnes idées assez régulières.

le 9 sept. 2017

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