Un combo néo-rock'n'roll mené par une panthère noire lancée tête baissée dans un projet "maximum rock and soul" (en référence, bien entendu, à The Who et à son maximum rhythm'n'blues), c'est sacrément alléchant. Mais que le guitariste du quartette signe la plupart des morceaux pose problème pour lui rabattre son caquet quand il se lance dans ses délires brouillons ou tente sans génie de varier ses riffs basiques. L'initial Too Many Houses In There donne le ton, voilà du MC5 mal digéré, comme la plupart des autres titres, qui croit que les gros accords rendent la musique dangereuse. Souvent, le timbre attachant de la voix sauve l'affaire, mais le chant de Lisa Kekaula, qui a de la puissance et quelques qualités soul, est le plus souvent employé dans un registre braillard qui ne lui convient qu'à moitié (les deux semi-ballades en sont la preuve). Cet opus est en réalité la compilation partielle de deux premiers Lp's (Grand Fury et Let It Blast), cogitée en mai dernier par Poptones pour accompagner la tournée anglaise du groupe aux côtés de The Hives. Que ces titres aient visiblement été enregistrés en conditions live n'empêchera pas de trouver gras les riffs et le grain de la guitare, ni de déplorer l'absence de mélodies mémorables. Un honnête groupe de rock'n'roll de troisième zone, et rien de plus. (Magic)
Si deux styles musicaux devaient être jugés comme inconciliables, la soul et le punk postuleraient en bons prétendants. Musique noire contre musique blanche, soin de la production contre musique primale, perfection vocale contre guitares mal-propres… Beaucoup de choses les opposent.
Les Bellrays ont pourtant fait le pari de marier la voix d'une chanteuse soul à un punk-rock de la descendance de Bad Religion ou plus anciennement du MC5. Et le résultat s'avère plutôt bon. Les morceaux héritent du punk leur construction (courts, nerveux, simples), les guitares saturées, puissantes, et de la soul une voix de Tina Turner (période Ike, cela va sans dire), sans retenue, sensuelle et rageuse. Le résultat peut se révéler terriblement jouissif sur certains morceaux les plus bruyants ("Fire On The Moon", "Killer Man", "Hole In the World"), mais aussi devenir un peu épuisant. Certaines chansons sont au final peu intéressantes si on leur enlève leur très louable débauche d'énergie. Mais là où les Bellrays font preuve d'un attrait irrésistible, c'est lorsqu'ils se positionnent plus près de la soul que du punk. Sur "Blue Circle" les guitares se font soudainement fines, le morceau s'intensifie doucement sur le son d'une basse ronde et d'un chant qui laisse percevoir quelques éclairs colériques. Groove imparable et irrésistiblement dansant. "Testify" laisse la place à un phrasé parlé pour un morceau de rock habité par l'esprit du rythm n' blues. "Zero PM" nous replonge au temps où le rock était encore empreint de la moiteur du blues, l'ombre de Led Zepplin plane sur le morceau. Le morceau final suggère un "Mustang Sally" pour ses guitares saccadées et syncopées.La soul rock des Bellrays arrive à apporter quelque chose de nouveau et de frais aux classiques du genre et ce, grâce à une puissance sonore et des guitares plus irrespectueuses qu'à l'accoutumée. Espérons que les Bellrays développeront ce côté trop discret de leur production dans l'avenir. Ce "Meet The Bellrays" qui est en fait une compilation des meilleurs titres des deux précédents albums du groupe, "Let it blast" et "Grand Fury", offre tout de même une alternative originale et séduisante aux nombreux albums du revival punk.( Popnews)