Il y a des personnes qui, après que l'on a consacré un album en leur honneur ("Sweet Relief II"), s'enfermeraient dans leur tour d'ivoire et passeraient leur temps à se regarder le nombril. Pour Vic Chesnutt c'est tout le contraire et, après avoir écrit les albums les plus personnels qui soient, il enchaîne depuis quelques temps les collaborations. Il suffit de l'avoir vu contempler avec des yeux gourmands la mécanique de précision qu'est Lambchop ou de lire les critiques de sa dernière tournée avec sa bonne copine Kristin Hersh pour savoir combien il savoure ces moments où il peut partager son art."Merriment" est donc une nouvelle collaboration, cette fois-ci avec Kelly et Nikki Keneipp, inconnus en France mais figures importantes de la scène musicale d'Athens, Géorgie où ils ont construit le studio dans lequel a été enregistré cet album. Si cet album peut, au départ, décevoir et paraître pour un album moyen de Vic Chesnutt, un album en attendant mieux, cette première impression est vite dissipée. En effet on retrouve vite l'univers de Vic Chesnutt tel que nous l'aimons. Lui seul sait faire cohabiter une vieille dame avec une perruque et une mule mangeant une figue, peut oser dans "Preponderance" cette succession de rimes qu'est "she's humming, so cunning, and stunning", peut nous faire pénétrer dans un monde où l'on croise dans une même chanson des clowns qui ont de l'herpès et l'hépatite C, des acrobates alcooliques ou des hommes canons se faisant éclater la cervelle. Un monde dont évidemment on ne connaîtra pas toutes les clés et qui n'est pas le nôtre mais où l'on retrouve au passage des thèmes qui nous sont proches tels que l'influence de la génétique dans "DNA". La bio de l'album dit "Vic Chesnutt is singing his ass off", on ne sait pas ce que Kelly Keneipp a voulu exactement dire par là, mais une chose est sûre : c'est que Merriment permet une fois pour toutes de tordre le cou à l'idée selon laquelle Vic Chesnutt ne sait pas chanter (un journal l'avait qualifié de "meilleur chanteur qui ne sait pas chanter"). En effet, il n'a jamais aussi bien chanté et il peut se permettre des moments un peu plus (trop ?) théâtraux ("DNA") .L'album se termine par la version instrumentale de "Merriment" et l'on se met alors à rêver aux merveilles que l'on pourrait attendre d'une collaboration entre Vic Chesnutt et l'un de ses musiciens préférés, Pascal Comelade, qui sait lui aussi si bien allier humour, parfums d'enfance et mélodies décalées.(Popnews)

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le 19 mars 2022

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