Metallica par lehibououzbek
Je ne comprends pas. Vraiment, je ne pige pas pourquoi les gens s’acharnent à descendre cet album.
Flash-back.
On est en 1983 et Metallica sort ce qui peut apparaître comme une référence en matière de thrash metal. Un Kill 'Em All absolument ahurissant et mise à part Motörhead, on n'avait jamais vu ça. Du rock poussé à ses extrémités l'année suivante encore avec Ride the Lightning et enfin Master of Puppets en 1986. Donc, les années 80 ont vu la révélation Metallica, son apogée ainsi que son déclin, le tout dans le même packaging. Je dis "déclin" dans le sens où à partir de ...And Justice for All en 1988, les choses commencent à se gâter musicalement pour la bande à Hetfield. Le virage thrash s'amorce en un espèce de metal-groove-heavy-blues-hard rock-AOR, le tout saupoudré à la sauce FM de mauvais aloi. Ce qui en soi, est quasiment un pléonasme. Poursuivons. Donc, dès ...AJFA, les choses se gâtent sévèrement. Un album qui sent mauvais le boudin, un album qui n'a de thrash que le nom qu'on lui donne, un album qui prépare la suite en quelque sorte. L'opus éponyme - ou autrement nommé Black Album - ne s'est pas fait que des amis durant les 20 années à partir de la date à laquelle il est sorti dans les bacs (comme diraient les rappeurs d’emmental). En effet, quand vous écoutez la galette vous vous dites qu'y a erreur sur la marchandise, que c'est pas le même groupe qui a enregistré les albums ci-dessus nommés. Que c'est pas possible ! Que c'est de l'arnaque compilée !
Douze titres et 60 minutes plus tard, vous avez l'air hébété. Vous vous êtes pris une sacrée mandale dans la tronche et vous demandez à être remboursé de votre achat. Oui ça peut se comprendre, enfin plutôt ça pourrait se comprendre si cet album était une bouse, or ce n'est pas du tout le cas. On juge la qualité de l'album en ce qu'il présente comme contenu, ou bien on le juge en fonction des précédentes productions metalliciennes ?! Je vous pose la question. Si l'on s'en tient à cette deuxième option, même pas la peine en effet de faire une critique. Autant dire "j'aime pas" et mettre 1 étoile. Mais c'est injuste. Alors je vais essayer d'être juste sur cet album en tant que tel.
Bien que moi aussi j'ai été assez choqué de voir à quel point Metallica ait connu 3 voire 4 périodes dans sa carrière, autant je me dis que si ç'eût été un groupe lambda qui avait enregistré cet album, il aurait eu une moyenne de 4 sur 5 et aurait figuré dans les 100 premiers albums du général. Alors rendons à la zik ce qui lui appartient.
Aller voir un concert de Metallica en 1983-84 c'était moins de 100 francs (15€), en 1991-92 ça coûtait environ 150 francs (environ 23€) de l'époque. En 2012, pour aller voir un concert du groupe, il faut s'ouvrir les veines, hypothéquer sa maison, sa voiture, son coeur, etc. Grosso modo ça tourne entre 75 et 150€ ! Juste hallucinant ces prix ! Faut pas être une famille de 6 personne à aimer le groupe sinon c'est pâte tous les jours pendant 1 an. Et puis le Hetfield est gourmand niveau rémunération pour un concert. D'après mes sources, pour faire venir Metallica dans son bled, ça coûterait la bagatelle somme de 1,000,000€. Rien que ça. Quand on voit la qualité des albums proposés depuis 15 ans, on se dit que c'est du foutage de gueule. Ceux qui me disent que ça les vaut, doivent avoir les poches remplies de pognon, et bouchés des écoutilles de surcroît. Et quand bien même si j'avais plein de thunes, j'irai pas claquer autant de blé. Question de principe. La musique doit être accessible, qu'on s'appelle Metallica, AC/DC, Rolling stones ou les clampins du coin. C'est sad but true. Point.
Revenons-en à nos moutons. Un black album qui regorge de hits autant qu'il regorge de titres accessibles. Parfait pour les radios. Le genre de chansons qui se laissent écouter sans cligner de l'oeil, ni le risque de voir ses yeux se révulser. J'entends par-là que rares sont les morceaux sur cet album qui ne soient vraiment underground ni ne sortant d'un chemin balisé pour moutons laissant la musique venir à eux.
Cet album n'est pas du thrash. Cet album est tout sauf le thrash des débuts. Je ne sais même pas comment le qualifier finalement. Ça part dans tous les sens, le genre de production hybride. Un espèce de concept-album peut-être. Bref je m'en fous.
Une chose est frappante à l'écoute (dès la première), c'est la facilité à intégrer les paroles, même pour une personne qui n'est pas anglo-saxonne. Sérieusement, James Hetfield chante comme si les 12 chansons étaient destinés à des personnes malentendantes. Pour un américain, je trouve qu'il épelle les mots t-r-è-s d-i-s-t-i-n-c-t-e-m-e-n-t. La production est très léchée et les morceaux foutrement grand public. C'est pas Metallica ça, c'est son monstre. Et comme le disait Jacques Dutronc, "je retourne toujours ma veste du bon côté." On ne va pas non plus les accabler car prises une à une, les chansons sont pas trop mal gaulées. Qui peut se targuer d'écrire des trucs pareils franchement ?..faut pas être con non plus, les parties de guitare sont de loin la meilleure chose qui ait pu arriver à cet album. De toute manière, ça a toujours été mon avis; Kirk Hammett a TOUJOURS surnagé dans Metallica. Mais bon, le roi Hetfield a tous les droits..Qu'eût été Exodus si Kirk Hammett faisait encore partie du combo ?! J'me pose la question parfois.
Heureusement qu'il y a Hammett oserais-je dire. Jason Newsted à la basse est somme toute très discret (même sur un morceau ultra lent comme Nothing Else Matters), sous-mixée ou peut-être que les guitares et la batterie sont trop mises en avant. Lars Ulrich aux baguettes quant à lui frappe sur les fûts comme un robot à qui l'on lui aurait intimé de faire de la sorte. C'est clinique, voire chirurgical. Sur l'odieux St. Anger, il passe en mode tétraplégique et là je préfère me taire pour ne pas lâcher d'insultes. Enfin mister Hetfield, que dire. C'est le chef d'orchestre de la compagnie, le chef de file de la team.
Il est quand même long ce foutu album, n'est-ce pas ? Douze morceaux, rien de bien anormal mais 5 minutes en moyenne par titres, ça fait quand même 300 secondes/chanson à se coltiner quand on trouve que finalement l'ensemble est calibré FM. 62 minutes d'intense folie, euh d'intense maelström radiophonique où des millions de personnes sur la planète se sont ruées dans les points de vente dédiés pour acheter ce CD. Ça en fait du fric hein ! Encore maintenant, l'album en version vinyle ne se vend pas en-dessous de 30€. Pu*ain quand même ! Que doit-il en être de Master of Puppets alors ?! Je n'ose même pas aller regarder un pressage US original, j'aurais trop peur de devenir bleu à la vue du prix. Pourtant j'en rêve du pressage original en vinyle. Passons.
Je ne reviendrai pas sur les titres qui composent le CD, tout le monde ne les connaît que trop bien. Et puis ma critique risque de faire des kilomètres. Donc, basta.
En définitive, cet album suscite autant de dégoût que de passion. Il est de ces albums qui pose problème. Des problèmes à savoir si l'on doit en dire du bien ou du mal, à savoir s'il est intrinsèquement bon ou juste une espèce de pourriture vendue et lâchée en pâture sur l'autel du fric et de la masse.
En tout cas, Metallica signe ici son acte irréversible de décès.