Flaming Row est un groupe qui voit les choses en grand. Très grand. Ainsi, c’est seulement trois ans après la sortie de leur premier album, alors que la formation allemande est encore trop méconnue, qu’ils remettent ça avec Mirage – A Portrayal of Figures, annoncé comme le premier volet d’une future trilogie de space opéra. Mais voilà, dans le monde du métal progressif, plus on est de fous, plus on gratte, et on ne s’étonnera donc pas de voir apparaitre de nombreux guests sur cet album parmi lesquels des membres de Pain of Salvation, Shadow Gallery ou encore Haken, ainsi qu’un géant chevelu tout droit venu des Pays-Bas…
Eh oui ! Si Arjen Lucassen n’a participé au projet que le temps d’un court solo de guitare, c’est bien son ombre qui plane sur la totalité de l’album tant on y reconnait les influences d’Ayreon. Dans le concept comme dans la musique, les membres de Flaming Row semblent avoir trouvé en Lucassen un père spirituel, donc pas de surprise si je vous dis que la galette s’écoute avec un grand plaisir ! Mais rendons à César ce qui appartient à César, car malgré les similitudes évidentes avec Ayreon, Flaming Row parvient à nous proposer un son plus personnel, moins épais que ce à quoi le néerlandais nous a habitués, remplaçant les surcouches de synthé par des instruments plus traditionnels qui promettent un large éventail de styles musicaux différents.
En effet, la variété des compositions est juste ahurissante, on passe de morceaux de métal bien épiques à des ballades folk reposantes, et voilà qu’on nous balance au milieu de tout ça des passages jazz, funky, parfois country, ici un solo de piano typé saloon, et même une référence au thème de Mario ! Bref, ça ne s’arrête jamais. Les césures sont nombreuses, toujours maîtrisées, et à cette instrumentation de folie viennent s’ajouter les nombreux chanteurs qui se donnent la réplique, incarnant les divers personnages de l’histoire. On citera entre autres Johan Hallgren, Maggy Luyten ou Ted Leonard qui se livrent à tour de rôle des joutes vocales du plus bel effet.
Côté scénario, ça se tient. Sans pour autant être très original, le concept, mis en valeur par la musique, reste assez accrocheur : une race extra-terrestre – the Minders – observant la fulgurante avancée technologique des hommes mais leur manque de sagesse et d’éthique, décide d’annihiler l’humanité avant qu’elle ne devienne incontrôlable. Les derniers survivants décident de se battre mais un jeune soldat, John, soupçonne que leurs leaders aient des intentions cachées.
Au final, seule une petite baisse de régime viendra entacher le tableau vers les trois quarts de l’album, Alcatraz et Memento Mori constituant à mon sens la dizaine de minutes un peu moins inspirée. Mais ça ne pèse franchement pas lourd sur un ensemble d’1h20 (!!) qui reste particulièrement réussi. On mentionnera Mirage, Journey To The Afterlife et In Appearance, respectivement 16, 12 et 18 minutes, qui sont véritablement les trois morceaux qui portent l’album et que je ne saurais trop vous conseiller d’écouter.
En définitive, Flaming Row nous prouve par cet album qu’ils ont non seulement de l’ambition, mais aussi du talent puisqu’ils nous livrent un métal prog’ de qualité doublé d’un casting imposant pour une formation si jeune. À vrai dire, j’ai beaucoup hésité entre un 8 ou un 9/10. Je m’arrête sur un 8 (mais un gros 8 hein !) histoire de me laisser une marge de manœuvre pour le prochain opus que je ne manquerai pas d’écouter, et qui augure vraiment du bon si le groupe poursuit sur cette lancée.