Etre fan n'est pas une sinécure

Depuis Mistral Gagnant, dernier grand album du bonhomme, Renaud n'est plus au niveau. L'inspiration s'affaiblit, les hommages sont peu réussis, la voix déraille de plus en plus. Mais voilà, je suis fan. J'ai lâché prise après Boucan d'enfer, gros succès, mais déception pour ma part.

Ici, Renaud revient sur l'hommage, son troisième après le folklore Ch'ti et Georges Brassens. On peut lui concéder une certaine constance dans ses choix, celles des chansons du peuple.

Ici, on part pour l'Irlande, puisque dans cet album, Renaud puise dans les répertoires des chansons populaires irlandaises pour les adapter en français tout en en gardant la musicalité et l'orchestration irlandaise, notamment par les instruments. Jusqu'à enregistrer en Irlande avec des musicos locaux.

Et donc, j'avoue, les mélodies sont très chouettes. L'orchestration, un peu platounette dans les arrangements, nous met bien dans l'ambiance. Et puis, sur les paroles librement voire très librement traduites, sont assez sympa, évocatrice d'une misère irlandaise passée, d'un peuple de migrants.

Mais certaines choses posent problèmes :

• La voix. Le timbre de clopeur fini pourrait être sympa, adapté au style, pouvant éventuellement évoquer Shane McGowan des Pogues. Mais bazar qu'il chante faux. Que sa voix est mal assurée, tremblotante, souvent à côté de la plaque. Comment la capacité de chanter (critiquable dès ses débuts, certes, mais adaptée à son style) a-t-elle pu se dégrader à ce point. Comme on dit dans le marketing, on en arrive à un point où cela gâche l'expérience client.
• Les arrangements, je l'ai déjà dit, manquent de relief. Certes les musicos sont bons, mais place n'est pas faite à leurs compétences autant qu'on pourrait l'expliquer. On aimerait plus de solos, plus de ruptures, et pas seulement une bande-son plaquée derrière une chanson. Dans l'édition Deluxe, on a toutes les chansons jouées mais sans les paroles. On est dans l'ambiance, mais c'est plat. Ca ne pète pas.
• Au final, un hommage, ou un tribute, ça peut se transformer en réussite majeure, certes, mais pas là. Là, c'est sympa, mais ça ne transcende pas le genre.

J'ai lu que Renaud avait fait une tournée de concerts incognito dans les pubs irlandais. Je n'avais pas entendu parler de ça à l'époque, mais ç'aurait peut-être été une expérience me rabibochant un peu avec son oeuvre telle qu'elle évolue.