SOUS LES GLACES ETERNELLES, UN SORCIER...
Sorcier des Glaces c'est le savoir-faire d'un homme, Sébastien Robitaille, jeune Québécois membre de Moonlyght, groupe de metal progressif.
Sous ce nom un peu grotesque se cache (et j'ai vraiment pas honte de le dire) un des meilleurs One-man band de Black Metal à tendance mélodique, et qui prouve une fois de plus que la scène Québecoise regorge de talents (Brume d'Automne, Forteresse...).
SDG sort son premier album en 1998, "Snowland", passé complètement inaperçu, car complètement auto produit et jamais vendu via Label. La production est d'ailleurs plutôt mauvaise, mais ça n'enlève rien à la haute qualité des différents morceaux.
"Onward into the Crystal Snows" me procure d'ailleurs encore et toujours des frissons à chaque écoute; cette intro d'une beauté rare toute en arpèges , et puis ce lead déchirant de tristesse quand tout le gain débarque sur un down tempo parfaitement amené...
Un véritable claque cet album, découvert complètement par hasard au début des années 2000.
8 ans après, "Moonrise in Total Darkness" débarque, via Mankind's Demise cette fois-ci, et c'est à nouveau une bonne surprise.
Du début à la fin, on a le droit a un Black Metal doté de passages magnifiques, tantôt progressifs, tantôt mélodiques ou encore traditionnels avec un savoir-faire indéniable. Le style de "Snowland" a gagné en maturité et ça se ressent systématiquement. La production est moyenne mais correcte, raw sans trop en faire le tout avec une ambiance glaciale et diablement épique. On ressent tout de suite les fortes influences d'Obtained Enslavement dans les compos de Seb, notamment au niveau de ses magnifiques leads aux sonorités nostalgiques (la plus grande force du disque). J'oserais presque faire un parallèle avec la musique classique tellement c'est BEAU et inspiré par moment, sans déconner. Mais Seb ne s'attarde jamais totalement sur la mélodie pure, il excelle et distille ses racines Black Metal en nous balançant des riffs accrocheurs invoquant directement la scène oldschool Norvégienne, le tout dans une rare cohérence musicale.
Les divers instruments sont étonnement bien maitrisés pour un One-man band, on y croirait presque pas.
Les morceaux sont régulièrement saupoudrés d'arpèges et de nappes de claviers atmosphériques de toute beauté, rajoutant un coté non linéaire et fort appréciable, tant ils sont bien placés. Gros point faible pour la basse quand même, qu'on pourrait croire inexistante... J'aurais aimé des lignes "vivantes" et plus en avant, permettant de rehausser la richesse de certains passages.
Le chant quant à lui, est plutôt pas mal même si classique, avec tous les effets classiques (delay, reverb...) qui donnent toujours cette impression de profondeur, de nature froide et sauvage . Le Sorcier des Glaces nous parle, nous hurle sa tristesse et sa démence "là où la pleine lune éclaire les Ombres du Royaume des Glaces".
SDG ne verse pas dans l'originalité, mais il le fait globalement très bien (2/3 morceaux restent oubliables), en apportant tout de même une touche très personnelle qui donne au nom du projet tout son sens. Car au final, si vous détenez la sensibilité nécessaire, Sorcier des Glaces est un groupe qui vous gèlera les tripes et vous ensorcèlera à jamais.