More Light
6.9
More Light

Album de Primal Scream (2013)

Primal Scream fait partie des nombreux groupes que j'ai adulés pendant une partie de ma vie. C'était l'époque où j'ai découvert Screamadelica, puis Give Out But Don't Give Up, et la claque monumentale XTRMNTR. J'écoute beaucoup moins ce groupe désormais, mais je continue à suivre les sorties. Je me rappelle avoir pris un pied énorme sur Riot City Blues que je considère encore comme un fantastique album rock. Le dernier disque en date, Beautiful Future, semblait plus banal, plus bizarre mais non moins étonnant avec son mélange de pop électronique. Cela faisait donc 5 ans que l'on n'avait plus de nouvelles de Primal Scream, sans que je m'en émeuve outre mesure (rien à voir avec l'attente interminable d'un nouvel album de Built To Spill ou Modest Mouse !).


Bref, voilà que sort More Light. Et décidément, Primal Scream n'a pas fini de me surprendre. Dès le premier morceau, le bien nommé 2013, on sent que le groupe a retrouvé une énergie indestructible, une véritable seconde jeunesse... comme à chaque album j'ai presque envie de dire. Au moins depuis Riot City Blues. Mais avec quelque chose en plus, puisé dans les racines plus profondes du groupe, celles du rock protéiforme et exubérant de Screamadelica, le genre de musique un peu dingue et folle, extravagante, qui n'hésite pas à partir dans tous les sens, avec des arrangements d'une richesse incroyable. Du haut de ses neuf minutes, 2013 est un des morceaux les plus ambitieux de Primal Scream. Une parfaite synthèse de la musique du groupe, l'énergie lysergique de Screamadelica couplée à la puissance de XTRMNTR et à l'efficacité rock de Riot City Blues. Etre capable de pondre un tel morceau après 30 ans de carrière, c'est tout simplement grandiose.


Primal Scream me fascinera toujours par sa capacité à se réinventer constamment, d'album en album, et More Light en est une preuve supplémentaire. Je le répète tout le temps, mais aucun disque de ce groupe ne ressemble à un autre (hormis Evil Heat, à la rigueur, et leurs deux premiers albums). Toujours proposer quelque chose de neuf, ou en tout cas de plus évolué, quitte à créer des choses plus étranges et destabilisantes comme Beautiful Future (que j'aime beaucoup, presque uniquement pour cette idée de renouvellement à vrai dire). Bref, More Light contient sans conteste des morceaux du Primal Scream antérieur mais tout en semblant résumer la musique du groupe presque à lui seul, c'est un album totalement neuf, avec une ambiance unique, sans équivalent.


La variété proposée par More Light est assez impressionnante, et si Primal Scream nous avait habitué à une telle démarche elle est beaucoup plus maîtrisée ici, plus subtile j'ai envie de dire. Bon, d'accord, 2013 suffit à lui seul à donner ce sentiment de maîtrise, d'harmonie et de maturité. Ce n'est peut-être pas le cas partout sur l'album. Disons que le groupe envoie des titres assez bruts et violents, que l'on n'avait plus entendu depuis XTRMNTR, à l'image de Culturecide, Hit Void, Invisible City ou Sideman. J'avoue être moins emballé quand Primal Scream passe en mode agressif et bruyant. Je suis un petit peu revenu de XTRMNTR, et c'est vrai que pour le coup le groupe ne fait pas mieux que les brûlots electro écrits précédemment (quoique Culturecide se défend pas mal).


Mais le fait que ces morceaux cohabitent avec des titres aux penchant plus nuancés comme le génial River Pain, le chaloupé Goodbye Johnny (qui rappelle un peu In The Death Car, quand je dis que Bobby Gillespie est l'héritier spirituel d'Iggy Pop !) ou la pure résurrection de Screamadelica que constitue le final It's Alright, It's Ok - sans parler une nouvelle fois de 2013 - confère à More Light un véritable sentiment de globalité, de synthèse idéale de l'univers Primal Scream comme un aucun album avant lui. Une sorte de bible, d'anthologie du groupe. Assénée avec une maîtrise sans faille, et une énergie toujours aussi bluffante de la part de Primal Scream. Je me demande déjà de quelle manière More Light va vieillir. J'ai envie de dire que cet album est le Screamadelica de la maturité, avec les mêmes qualités (grande variété musicale, énergie revitalisante et un peu folle) et des défauts inhérents (quelques longueurs) mais mieux maîtrisés.


Et puis il ne faut pas non plus passer à côté du final du morceau Relativity qui, après une première partie inaudible, constitue tout simplement le passage le plus sublime de toute la discographie de Primal Scream. On a déjà plané à des hauteurs stratosphériques avec certains morceaux de Screamadelica mais là, c'est vraiment le nirvana.

benton
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le 13 sept. 2016

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