Beck est de retour avec le deuxième épisode de "Sea Change". Cet album ne vous conviendra sûrement pas si vous cherchez un energy-drink musical, ou une chanson à ajouter à votre get-psyched mix. CEPENDANT, vous pourriez bien trouver l'amour éternel avec un paquet de cigarette, un litre de thé, ou juste lors une interlude liant sommeil et vie de merde.
Nous avons donc un concept album intitulé Morning Phase, où l'on retrouve des thèmes et mélodies qui pour nos amis non-anglophone, se réfèrent au matin, une parfaite transition qui vous tient la main sur le prélude de la journée.
L'album, donc! "Cycle", une intro aux violons, douce et tranquille, qui fait office de prélude majestueux à l'apaisant "Morning", dont les accords s'enchaînent parfaitement, et dont le refrain poignant est le premier bijou de cet album.
"Heart is a Drum" est le premier chapitre dont les bpm dépassent 60 (ou un truc dans le genre), de quoi mettre de bonne humeur, avec une mélodie enjouée et un style proche des ballades "énergiques" de Neil Young ou de Nick Drake.
Si la référence à Neil Young était un peu brumeuse jusqu'ici, "Say Goodbye" reprend exactement la même piste de batterie du morceau "Harvest", avec en prime les banjos. Mais soyons clairs, il ne s'agit pas d'une pale copie, mais plus d'un hommage.
"Blue Moon" est parsemée de choeurs enivrant, une bonne ballade qui laisse un peu de marbre, en ce qui me concerne. "Unforgiven" possède une intro clin d'oeil au son Pink Floyd, avec un flanger, qui, je l'aurais souhaité, fût accompagné de quelque chose de plus conséquent.
C'est avec "Don't Let It Go"que les choses plus sérieuses commencent. Avec des "You don't have to let it go away", conseil qui pourrait s'appliquer à chacun de nous: pas de risques pris au niveau des paroles. Mais la mélodie, aérienne, paisible, originale, autonome, n'en perd pas moins de sa force et de son charme. Les couplets et refrains s'enchainent sans accrocs.
"Blackbird Chain", une bonne ballade à coups de bottleneck et d'harmonique vocales sur un refrain qui, même s'il est composé de deux mots, n'en reste pas pour le moins digne d'intérêt.
Le chemin continue, sans grosse surprise, jusqu'à Waking Light. Et les choses changent drastiquement. Ce morceau me renvoie directement à "A Day In The Life", des Beatles: les bridges crescendo au piano introduisent parfaitement un refrain transcendant, toujours accompagné de choeurs et soutenu par un rythme endormi et alerte à la fois. Et si nous ne l'avions toujours pas compris jusque là, Beck nous livre en conclusion de ce morceau et de l'album tout entier, un solo de guitare dont le son est clairement influencé par la guitare de George Harrison.
Cet album s'écoute, se ré-écoute, et s'écoute encore. Si vous avez passé des heures à geeker sur la pop-folk-country des 60/70s, "Morning Phase" vous fournira un rappel à l'ordre paisible et efficace, avec pour seul bémol une production qui nous rappelle que cette période est bel et bien finie.
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