Il parle aux fleurs et aux arbres

Après plus de 4 années de quasi silence médiatique et musical, Kendrick Lamar est enfin de retour. Les rumeurs ont réellement commencé en 2021, sans single, sans extrait ; elles se sont concretisées au début de l'année 2022 : Kendrick sortira dans le courant de l'année un dernier album sur le label TDE. La comm fut vraiment minimaliste. Kendrick s'est contenté de sortir un morceau annexe (The Heart Pt. 5) il y a une semaine et on n'a appris que deux jours avant la sortie de l'album que ça allait en fait être un double album.

Mr. Morale & The Big Steppers s'avère être assez court pour un double album (1h10, 2 fois 9 pistes). Question construction et découpage, on peut parler d'un gros album divisé en 2 parties plutôt que de 2 albums bossés en même temps.

La première partie est selon moi la meilleure. Les prods d'inspiration Soul/Jazz style TPaB se marient bien avec le style d'arrangements propposés dans DAMN. Les morceaux ont gagné à être plus épurés (sans être simplistes) et Kendrick a viré -presque- toutes les conneries qui étaient en trop sur ses deux précédents solos (je pense notamment aux intonations censées être énergiques comme sur l'insupportable u), même s'il a en gardé certaines (comme les intros chantées/ fredonnées au début de certains morceaux qui ne servent à rien). En fait, selon moi, la musique s'efface un peu au profit d'un discours porté par les excellents flows de Kendrick. Je pense que son public sera ravi d'entendre des propos sur la vie censés être poignants sur un fond musical ne trahissant ce pourquoi on le connaît- et qui se renouvelle pas mal grâce à la contribution de nouveaux producteurs (entre autres Baby Keem et sa trap).

La seconde partie est selon moi plus difficile à défendre et reprèsente un aspect de l'art de Kendrick que je déteste. En fait, la majeure partie des morceaux tombe complètement à plat (à l'exception de Count Me Out qui propose un schéma intéressant ; d'ailleurs bien meilleur, un peu dans le même style que GOD. sur DAMN.). Pour ce qui est du reste, on tombe vite dans le mauvais délire criard par-dessus un mauvais piano sans énergie et sans émotion. La dose d'énergie dont on avait besoin vers la moitié de l'album aurait dû venir du morceau avec Kodak Black. Beaucoup détestent le rappeur de Miami (moi y compris) mais je comprends l'initiative de ramener un artiste dont la carrière est à la dérive ; Kendrick se place en quelque sorte dans une position de grand frère. Je sais pas si la faute incombe à une prod trap qui tabasse pas assez ou à une performance trop faible de Kodak mais pour moi le morceau restera un son trap au mieux complètement lambda.

Au final, on a eu droit à un Kendrick qui ne gomme pas tous ses défauts qui sont à mes yeux rédhibitoires pour que je sois un jour totalement conquis par sa musique. J'ai bien conscience, par contre, que son album rencontrera un franc succès critique et commercial, porté par des arguments à base de "c'est ultra musical" ou encore "le discours est ultra mature". Deux arguments dont je me fous complètement. En fait, je m'en fout totalement de Kendrick de la musique de Kendrick, je sais même pas pourquoi j'ai écouté ça Day One et écrit une critique.