Simplement, pallier à une absence.
L’absence d’envies. L’absence de commentaires. L’absence de notes.
L’absence de titre.
無題
Lisez « mudaï », traduisez : sans titre.
La première accroche fut une claque prise au hasard d’une page Youtube. Une errance de plus, une joue en moins :
Hidari no Tane (traduisible par un mystérieux « la graine de gauche »). [ http://youtu.be/rlohe2-MGlg ]
Son clip un poil arty mais furieusement efficace, évoquant la patte et le grain de clippeurs comme Gondry ou Cunnigham et toute la clique indie des 90’s.
Immédiatement, quelque chose de maladif et morbide dans la texture. Des couleurs sombres sans peinture putassière. Quelque chose qui évoque la démarche d’un Tool dans ce mélange de rage éclatante dosée et de contenance maîtrisée d’étrange augure ; encadré à coup de baffes par une batterie martiale qui fout la trique.
Même en surface, on tient dans ce morceau la substance de downy. Ce quelque chose qui se confirmera dès la première écoute de ce premier album sans titre, qui à l’instar de ce patronyme sans majuscule semble ne jamais commencer et ne jamais finir ; comme un son d’alarme, une angoisse anonyme.
Une boucle, un möbius, un serpent qui se mord la queue.
Meitei freak ("monstre ivre"), titre d’ouverture, sonne déjà comme une empreinte : urgence, aliénation, matraquage d’images absurdes d’une redoutable résonance contemporaine.
downy, quelque soit l’album ou l’extrait, transpire ses influences urbaines. Une musique métallique, pleine de syncopes, parfois flottante et éthérée mais souvent violente et sourde ; sans cris, sans tapage.
Sans titre mais avec de la gueule. Sans voix —volontairement très en retrait dans la production de cet opus— mais terriblement parlant. Et imagé.
Subjectivement, downy, quelque soit l’album ou l’extrait, c’est de la musique imagée. De la musique de nuit qui évoque la tyrannie du jour, la violence diurne et les errances angoissées de coins de rues. De la musique à écouter seul dans le noir, et pourquoi pas dans une pièce dont seul un voyant d’appareil électrique transpercerait la pénombre.
Et en effet downy est un groupe qui travaille sa musique en image. Composant dans l’intimidé baignés dans d’hasardeuses projections murales, et se produisant sur scène littéralement noyés dans des compositions picturales faites de montages divers, pour lesquelles un membre du groupe est spécialement attaché et crédité.
Inutile de passer en revue tous les titres de ce mudaï, et il serait redondant voire stérile ou opaque de vous évoquer toutes les visions engendrées par mon expérience de l’album. Il fait partie de ceux sur lesquels il faut coller un « vécu », une patine personnelle venant se mêler et compléter les intentions de leur(s) auteur(s).
Je voulais juste pallier à une absence, remplaçant un vide par une envie.
Un album sans titre, mais pas sans suites.