Encore une perle !
Nate Dogg chante encore mieux.
Dommage qu'il soit mort, il aurait été à contre courant des voix filtrées à outrance, si horribles.
Ici, le vocodeur est judicieusement dosé sur les voix, si bien que ça en devient réellement bon ! (Et oui, faut savoir s'en servir...), et tout comme les synthés et autres filtres sont sur les basses.
La musique est encore superbement produite, minimale (en apparence), terriblement efficace.
Les mélodies sont finement ciselées.
Les voix sont magnifiques.
Les samples sortent d'une boite à bijoux.
Cet album est un peu le pendant du mythique "2001" de Dr Dre, version soul, funk, poussée à son paroxysme.
Nate Dogg est LE crooner hardcore des années 90/2000, entre soul music, gangsta rap et funk ultime.
Avec cet opus, Nate Dogg réalise le syncrétisme des Otis Redding, Curtis Mayfield, Isaac Hayes, auxquels le soul singer de Death Row n'a rien à envier, car il apporte sa fière contribution à l'édifice, avec, en plus, une bonne dose de Funkadélic, Parliament, Kool And The Gang, Chic (et autres musiques super kitsch, à mes yeux, des années 80).
Il y a même un clin d'oeil au monument du reggae, "Ring The Alarm", terriblement revisité, transformé.
On sent bien qu'il a été bercé par ces grandes figures de la musique noire américaine des années 60/70/80, sans pour autant faire du copier/coller, nostalgique, et donc, un brin ringard et moyennement bon, comme beaucoup trop d'artistes le font, de Lenny Kravitz, en passant par Ben Harper et consorts.
Les featurings sont tous de grande qualité, et on y retrouve évidemment les papes du hip hop West Coast, comme Dre, Kurupt et autres monstres sacrés.
La mafia du gros funk au complet, ça balance grave.
On revient aux origines de la musique black américaine (au sens large du terme), c'est à dire une musique mélodique, douce amère, issue des bas fonds, pleine de lumière, de génie créatif, joyeusement métissée.
Daft Punk fait un peu pâle figure ... ils se sont trompés de références, à quand un album avec Dre ?
Lance Pierre, aux manettes, maîtrise, comme toujours, son sujet, dans la droite et fière lignée des productions issues de la west coast US des années 90.
Nate Dogg est toujours resté plutôt discret, et sa notoriété, qui, pourtant, dépasse de loin les frontières, chez les grands artistes de la musique américaine des années 90/2000, est injustement sous évaluée chez le commun des mortels.
Il faut lui rendre justice, et l'écouter à foison, c'est un plaisir pour tout mélomane qui se respecte, au delà de toute considération stylistique catégorielle.
Je l'écoute en boucle dans ma caisse, bien fort, en qualité CD (surtout pas MP3!), et franchement, les instrus sont des tueries intégrales, faussement minimales, finement ciselées (ça me fait penser à "Night Nurse", album de Gregory Isaac).
Il y a une foule d'instruments à vent (flute traversière, trompettes, trombones ... etc etc) et, évidemment, des violons grandioses, des pianos cristallins, des guitares latinos (notamment sur le titre avec Dre, tout droit samplé de son "2001") ... et des synthés magiques.
Que dire des voix, Nate déchire, évidemment, mais les coeurs féminins sont troublants, hybrides de biatchs du ghetto et de princesses d'Afrique (merci, AKH, pour l'expression).
Vous aimez Otis, Isaac, Funkadélic, Curtis, Bob, Gregory ou encore Dre ?
Alors vous adorerez Nate.
Je n'aime pas, habituellement, la soupe r'n'b qui nous est servie, mais là, ça va plus loin, beaucoup plus loin.
Je monte dans ma caisse, il fait froid, la pluie tombe, le ciel est bas et grisâtre.
J'allume le poste, j'appuie sur play.
Et là, ma voiture saute, les palmiers poussent, le soleil cogne, la température monte, les filles sont habillées en rose dans les rues et se dandinent dans leurs mini shorts moulant.
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