A la manière de "Kamikaze", Eminem a surpris son monde en sortant son onzième album sans prévenir personne. Une formule une fois de plus efficace pour le trublion puisqu'il était de toutes les conversations au petit matin de la publication et ce, malgré une discographie complètement sur le déclin depuis une dizaine d'années. Pas d'importance visiblement, M.M. continue de cristalliser l'attention et c'est aussi à ça que l'on reconnaît les icônes générationnelles.
Qu'attendre alors d'un mec qui a sans doute fait le tour de la question et qui n'a plus rien à prouver ? Se réhabiliter peut être. Et à entendre une fois encore sa rengaine à dégainer du fast flow à tout va, on doit pas être loin de la vérité. Oui, Em' reste un monstre technique mais perd en subtilité à trop chercher à le prouver.
On retrouve aussi quelques irritables devenus habitudes: trop de name-dropping, trop de provoc', trop de refrains pop ratés (palme à Skylar Grey, encore une fois sur le pire titre), trop long...
Cependant, en toute honnêteté, il s'agit sans doute de son opus le plus solide depuis bien dix ans. Réunir des générations et des univers aussi éloignés que Q.Tip, Royce Da, Black Thought face aux Don Toliver, Juice Wrld, Young M.A. n'est pas donné à n'importe quel artiste et le tout en gardant une certaine cohérence en plus. C'est peut être par cette ouverture que passe ici le salut du Slim Shady et permet de diluer les points négatifs moins bien flagrants que dans un passé pas si lointain. Et c'est déjà une bien belle victoire.