Myth Takes
7.2
Myth Takes

Album de !!! (2007)

Collectif californien relocalisé à Brooklyn au nom déroutant, !!! (à prononcer comme on le désire pour ceux qui ont de l'imagination et « tchik tchik tchik » pour les autres) s'est jusqu'ici plus distingué par la frénésie de ses performances scéniques bouillonnantes que par ses albums fatigants singulièrement dénués d'épine dorsale. De ce point de vue, le troisième est en net progrès. Le premier morceau, Myth Takes, avec son groove puissamment aérien, sa guitare quasi surf, ses sifflements morriconiens et son envoûtant chant tribal, s'écoute et se retient aussi bien qu'il se danse. Mais on peut, hélas, difficilement en dire autant de la suite. Il y a bien le punk-funk de Must be the moon, au refrain enlevé qui casse brièvement le sentiment de monotonie que dégage cet enchaînement de rythmiques en folie qui ne demandent qu'à s'épanouir dans un contexte live. Mais le timbre terne du chanteur et l'absence de mélodies notables rappellent (à !!! comme à d'autres) ce constat : ne sont pas les Talking Heads de Remain in light qui veulent. Hugo Cassavetti


Par rapport à son prédécesseur, Myth Takes gagne en variété. L'espace de quelques morceaux, !!! envahit plusieurs décennies, plusieurs territoires, entre pop synthétique glacée à la Bowie et disco-punk charnel sur l'irrésistible A New Name. Dans la foulée, Heart of Hearts fait preuve d'un art unique pour contourner les physionomistes gros bras qui interdisent au rock d'entrer en club. Tandis que All My Heroes Are Weirdos avait déjà lancé une cavalcade funky dans un incendie sur lequel Must Be the Moon ne s'était pas privé de souffler. On savait le groupe capable de tenir en haleine un dance-floor et il ne déçoit pas. En revanche, on découvre un chanteur sachant chanter, même s'il pousse toujours de réjouissants petits cris de guerre (Yadnus). Enfin, Myth Takes réserve quelques surprises, comme l'intro Madchester de Bend over Beethoven, le délirant instrumental Break in Case of Anything qui pique dans la disco et le dub avec des cuivres bigarrés avant que l'album ne se referme sur Infinifold, une drôle de ballade plombée. Réussite indéniable et majeure parmi toutes les tentatives de fusion entre rock et dance, Myth Takes tire son épingle du jeu grâce à l'avance prise par des auteurs au parcours unique. Pas de fausse modestie : !!! sont bien les seuls ? donc forcément les meilleurs ? de cette catégorie. (Inrocks)
En ce début d'année, on nous parle d'un "nouveau" mouvement musical venu d'Angleterre appelé "new rave", dont l'album des Klaxons serait le premier avatar. En gros, un style qui mêle techno des années 90 et pop. On se permettra quand même de rappeler qu'il y a une dizaine d'années, certains comme les Lo-Fidelity Allstars s'étaient déjà attelés à opérer ce rapprochement entre les genres et qu'en 2004, de l'autre côté de l'Atlantique, les américains de !!! (Chick Chick Chick ) sur Louden Up Now, leur premier album, invoquaient groove electro et mélodies rock. On pourra toujours discuter des influences et références propres à chacun mais un groupe ne prouve sa qualité que par sa capacité à produire un contenu convaincant avant d'appartenir à telle ou telle chapelle et d'être lancé comme avant-gardiste.Car c'est bien ce qui nous préoccupe au moment d'aborder Myth Takes. Si sur son premier album le groupe nous avait prouvé son savoir faire pour  imposer un son solide, il nous avait en revanche laissés quelque peu dubitatifs quant à sa capacité à  fendre l'armure et à donner une dimension charnelle à sa musique. C'est donc insidieusement que !!! installe son groove sur le morceau titre, tout en mid tempo, sur une boucle de guitare western (après tout l'album a été enregistré à Nashville), avant de nous asséner une salve meurtrière sur All My Heroes Are Weirdos où rythmes africains, riffs de guitare et chant exalté se mêlent avec bonheur. Une entrée en matière incontestablement réussie enchaînée avec deux titres plus psyché qui laissent un peu retomber le schéma brillamment mis en place. Mais cette petite baisse de régime est vite corrigée et fait de Myth Takes un album réussi qui prouve les progrès de composition du groupe et sa capacité à varier ses ambiances. Les membres de !!! avouent d'ailleurs avoir modifié leur façon de composer, se concentrant sur des plages plus courtes afin de s'astreindre à offrir une vraie densité rythmique et mélodique.

C'est fort de ces qualités que l'album peut filer vers son bouquet final, Bend Over Beethoven et Break in Case of Anything, principalement instrumentaux, planants au possible avec une ligne de cuivres bien sentie et une ambiance dub et funk, avant un atterrissage tout en douceur en toute fin de parcours. Chez !!!, le mélange electro-dance-funk et guitares pop ne constitue pas un habillage "tendance" mais devient un véritable espace de liberté et de perspectives. Un exemple à suivre. (indiepoprock)


Il fallait vouloir partir avec une longueur de retard pour choisir un tel nom de groupe. Imaginez vous seulement chez votre disquaire, en lui demandant le nouvel album de !!!. S’il lui prend alors l’envie de vous extirper de vos convulsions, dites lui seulement Chk Chk Chk (autrement dit Tchik Tchik Tchik) ou, selon le groupe lui-même, n’importe quel son répété trois fois. Le plus simple est peut-être de lui demander “Myth Takes”, le troisième opus des Américains, sérieusement lancés depuis leur dernier “Louden Up Now”, puis cette reprise acid house du “Takes Ecstasy With Me” de Stephen Merritt en 2005. Autant dire que les attentes sont grandes à l’approche de ce nouveau disque

!!! l’a bien senti, et a poussé encore un peu plus loin sa touche dance funk. Il l’a densifié, étoffé, et imprégné d’un groove encore plus puissant qu’auparavant. À tel point que ces huit musiciens ouvrent en grand les portes de la transe, et emmènent l’auditeur dans un cercle vertueux et sans fin, même si le groupe a abandonné les longs morceaux pour des formats plus conventionnels (à l’exception de “Bend Over Beethoven”). Comme une façon de cibler un public plus large, celui qui ne prend pas toujours la peine de patienter pour laisser un titre monter doucement en intensité et en saveur. Mais ne partez pas, le groupe n’a pas perdu de son charme pour autant, puisque c’est sur scène, ou sa réputation n’est plus à faire, qu’il s’en chargera, notamment par l’improvisation, un exercice dans lequel il excelle. Il faut dire qu’il y a plutôt de quoi faire quand on maîtrise sur le bout des doigts la science des lignes de basse post punk (”A New Name”), des guitares western spaghetti (”Myth Takes”), et qu’on possède cette haute teneur rythmique et donc dansante (”All My Heroes Are Weirdos”, “Yadnus”, “Break In Case Of Anything”). Pour preuve, les deux meilleurs moments de cette nouvelle livraison: “Must Be The Moon”, au refrain indélébile, est source de fourmillements des talons aux cervicales; et “Hearts Of Hearts”, clairement plus electro, pourrait bien transformer le club ou la salle de concerts qui l’accueille en parfait Rumikub. “Myth Takes” est plus qu’une confirmation, un terme presque injurieux quand il concerne !!!. La musique de ces Américains, alors qu’elle est ici d’obédience nettement plus pop, a encore une telle capacité à absorber et dévergonder l’auditoire, qu’on peut sans crainte qualifier le groupe de mythique. Un mythe qui prend et monte progressivement. D’où ce titre, du coup impeccablement trouvé. Et qu’on soit rassuré, à en croire les photos choisies par le groupe pour la promo de ce nouvel album (des mannequins en carton à l’effigie de chacun des musiciens), !!! est très certainement en ce moment en train de chasser le groove ultime plutôt que de satisfaire le moindre photographe. Musique, que tu les tiennes encore longtemps. (mowno)

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le 26 févr. 2022

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