Toujours à l'écoute du Top 10 de mon ami Raider55, mélancolique parmi les mélancoliques, même dans le bonheur (c'est un concept), j'arrive sur cet album.
Bien m'en a pris, parce que cet album est beau. Et, évidemment, mélancolique. C'est-à-dire que ce n'est pas pour danser sur la table un soir d'été.
Bruce, c'est un gars que je voudrais plus aimer. Parce que je vois bien que le gars est généreux, du côté des laissés pour compte, et musicalement habité. Mais je n'ai pas trouvé d'album de chevet jusqu'alors. De référence qui me fasse dire : "oui, ce gars est indispensable". Désormais, je crois que je l'ai trouvé.
Bruce, dans une remarquable unicité musicale, et sans la moindre monotonie, nous offre une ballade merveilleuse et désespérée au coeur de l'Amérique perdue. S'inspirant de que ce pays nous a offert de meilleur musicalement, du blues, du folk, du rock, avec une guitare et un harmonica pour l'essentiel, il nous conte des histoires rarement gaies, jamais mièvres.
Son album précédent, The River, ne m'avait pas convaincu musicalement, quand bien même son titre éponyme soit un must-have pour moi. Parce que trop chargé, parce des arrangements trop marqués de l'époque avaient tendance à m'agacer.
Son album suivant, Born in the USA, ne me convaincra pas plus. Mais sur Nebraska, on touche à la quintessence du boss. Qui n'a jamais aussi mal et aussi bien porté son surnom. L'humilité est présente sur tous les titres, mais la grâce y est aussi.
Avec cet album, je retrouve cette Amérique des grands espaces et des villes sans âme, de la misère et de la vie qui s'incruste dans les interstices, malgré l'absence de lumière au bout du tunnel, celle de Kerouac, celle de King, celle de Wenders (je sais, c'est pas un ricain, mais Paris-Texas, quand même).
Chef d'oeuvre.