Suite à la séparation du groupe, après le deuxième album, les deux membres s'éclatent dans leur side-project : Rother, le guitariste, dépeins des paysages sonores avec Harmonia, et Dinger, le batteur, libère son énergie avec ses potes de La Dussedorf.
C'est dans ce contexte qu'en 1974 Neu! se reforma. Les deux acolytes, d'un accord commun, se rejoignirent pour un ultime album d'adieu. Peut être savait-ils déjà ce que cela aller donner. Tels deux étoiles filantes, de leur rencontre surgit la plus belle des Supernova : Neu! 75.
En fait sur cet albums ils furent 4 : La Dusseldorf + Michael Rother. L'un des plus gros chef d'œuvre du Krautrock (et de la musique, tiens !) tiens dans cette simple addition. Les deux énergies n'essaient plus de se canaliser, mais s'expriment au point que l'album en devient bipolaire.
La séparation fut bénéfique et Rother transpose ce qu'il a appris avec Cluster à la sauce Neu!. Paysages marins et ambiance pré-synth pop remplissent la face A, ambiant sublime, accompagnée par le flegme motorik caractéristique du jeu de Dinger. Jamais la musique de Neu! n'a été aussi lente, aussi débordante de pure beauté. Isi, le morceau d'ouverture, c'est Fur Immer (ou Hallogallo, c'est comme vous voulez) en sublime. Ça n'est pas plus puissant, ça n'essaie pas de franchir une nouvelle limite, c'est juste pur, beau et enchanteur.
De l'autre côté, l'énergie et le sens de l'urgence de Klaus Dinger et ses potes, tous batteurs, éclatent sur la face B pour un proto punk qui ne laissera pas la musique indemne. Un peu comme un enfant a qui l'on vient d'apprendre que le père noël n'existe pas, ces guitares qui grondent sans temps mort et sans solos, avec ces changement de gamme et ce chant laborieux marquera au fer rouge les futurs Sex Pistols et David Bowie. Si Isi était le penchant sublime de Neu!, le morceau ultime de Michael Rother, Hero, lui, en est le versant crade et rageur, le morceau ultime de Klaus Dinger, qu'il démultipliera durant toute la face B.
Ceci fait, le groupe se sépare de nouveau, pour ne plus jamais revenir. Harmonia continua, avec un Deluxe merveilleux, et l'aventure La Dusseldorf se concrétisa. Neu! 75 reste, à bien des égards l'album ultime de Neu!, dans le sens où les deux membres donnent tout ce qu'ils ont, font tout ce qu'ils ont toujours voulu faire depuis le début, sans jamais se l'avouer. Pourquoi trouver un compromis quand ont peut laisser agir à sa guise tout ce que l'on a envie d'exprimer, sans relâche ?