Les Auteurs font partie des grands oubliés de la pop des années 90. Ce groupe c'est avant tout Luke Haines, le leader, chanteur, guitariste, auteur, compositeur, bref le génie du trio complété par Alice Readman à la basse et Glenn Collins à la batterie. Haines est un personnage atypique dans le monde du rock, snob sur les bords, il incarne le parfait dandy anglais. Sa musique est à son image, distinguée, brillante, jouée avec un flegme typiquement britannique qui rappelle par moment la désinvolture cynique des Smiths.
New Wave, sorti en 1993, est le premier album des Auteurs et baigne dans cette ambiance classieuse. Les chansons de Luke Haines sont autant de pop songs idéales. Accompagné de son acoustique, ciselant des trésors de mélodies (Bailed Out, Junk Shop Clothes, Home Again, Starstruck, Housebreaker) ou armé de sa guitare électrique, décochant des hymnes rock efficaces (Don't Trust The Stars, American Guitars, Idiot Brother, Early Years ou la chanson cachée) le leader des Auteurs crée des tubes avec une facilité déconcertante. Chaque chanson possède une évidence insolente, une classe propre qui illumine chaque seconde de l'album.
Le premier titre, Showgirl, est le single qui a lancé le groupe et représente parfaitement la formule The Auteurs. Une rengaine à la guitare acoustique, une mélodie tubesque, et surtout la voix de Luke Haines qui se distinguerait entre mille, empreinte de cette assurance et de ce détachement hautain qui rend la musique du groupe si particulière, au risque de paraître antipathique.
A la sortie de l'album, la presse, toujours avide d'étiquettes, s'était empressée de ranger The Auteurs dans le même sac que le groupe Suede au rayon "revival glam". Honnêtement j'ai du mal à comparer The Auteurs avec T.Rex, tant ces deux groupes n'ont pas grand chose en commun. Mais c'est vrai que la production très travaillée de New Wave peut rappeler le brillant des albums glam des années 70. Le mariage réussi de l'acoustique et de l'électrique au sein de merveilles de chansons pop peut également évoquer la magie d'Electric Warrior en son temps.
Mais l'atmosphère n'est plus la même, et les guitares tranchantes qui apparaissent au recoin de certains morceaux doivent autant au magnétisme des six cordes de Marquee Moon de Television. L'alchimie de New Wave est donc unique, un grand disque pop à découvrir ou à redécouvrir, qui souffre peut-être juste d'un trop plein de perfection, un supplément d'âme que je suis, pour ma part, allé chercher sur l'album suivant Now I'm A Cowboy.