Après Shimomura sur FFXV, Kataoka et Iwata (Yasuaki) sur Breath of the Wild, voilà Keiichi Okabe sur Nier Automata. On installe son jeu, on joue quelques heures et le bilan s'impose: c'est travaillé et ça déchire.
On pourrait penser que l'utilisation massive des chœurs, de violons, donne un résultat assez pompeux et prévisible, mais il faut avouer que la team Monaca n'a rien fait au hasard. Les différents thèmes oscillent entre la compo épique, soutenue par des chœurs, des cuivres, des percus puissantes (combat contre Hegel) et parfois par des chants apportant une touche de mélancolie (combat contre Beauvoir); les autres, plus calmes, laissent en général plus d'exposition et d'expression aux guitares, aux cordes, aux pianos et aux voix (Voice of no return, village de Pascal etc).
Bien qu'étant dans un style globalement classique, Okabe ne s'est pas gêné pour donner différentes colorations à ses musiques, et jouer avec les différents instruments à sa disposition pour casser l'éventuelle routine qu'aurait pu installer une orchestration trop consensuelle tout le long.
Mais au delà des compositions en elles-mêmes, c'est aussi tout le travail à côté qui force le respect. Les différents morceaux ont plusieurs arrangements dans le jeu, et sont susceptibles de changer à la volée pour coller aux actions du joueur. L'exemple le plus parlant concerne les phases de hacking, dans lesquelles la musique opère une transition style 8 bit sans la moindre coupure ou jointure approximative. Le jeu intègre aussi un système permettant de réguler la réverbération de la musique en fonction de l'environnement, témoignant la aussi du souci du détail.
Un autre aspect aussi bien fignolé concerne les chants. Pensés par Emi Evans, ils reprennent la formule du 1er Nier et donc optent pour un langage imaginaire tantôt inspiré du français, du japonais, ou du gaélique. Accompagnée également par la chanteuse J'Nique Nicole (C'est son nom la pauvre j'y peux rien) et même des enfants (spécifiquement pour le thème du village de Pascal), cet aspect de la musique est simplement très bien pensé et apporte des nuances variées et complémentaires selon l'interprète.
De cette façon, chaque musique est une surprise pour le joueur, soit par son ingéniosité, soit par sa capacité à revenir sous une autre orchestration, soit par la grandiloquence et la démesure des thèmes de boss.
9 sélec, emballé c'est pesé, vivement la prochaine ost.