Là ou la soul-food afro-américaine cherche à associer de multiples saveurs pour en créer de nouvelles, la cuisine occidentale propose une approche plus essentielle, visant à sublimer un ingrédient par sa préparation méthodique. La musique n'a pas échappé à cette philosophie.
Ainsi, le Jazz West Coast, dépouillé de ses influences négroes aux saveurs épicées et aux tonalités hautes en couleur typique de la New Orleans, semble être plus lent, doux et plus susceptible d'accompagner les nuits chaudes et les gouttes de pluie encore tièdes de cette fin d'été, comme un vin blanc accompagne le suprême de volaille.
C'est dans cet élan que j'ai découvert Night Lights, album de Cool Jazz composé par Gerry Mulligan et interpreté par son sextuor.
Au rythme lent et dépourvu d'improvisations polyrithmiques, l'album est une bonne introduction au style musical qui se situe dans la prolongation du mouvement Cool Jazz influencé par Miles Davis et son enregistrement mythique 'Birth Of the Cool'.
Pendant que la batterie se fait discrète, le trio d'instrument formé par le trombone, le saxophone alto et la trompette dialoguent de manière millimetrée, rythmé au son feutré du charleston et de la basse étouffée, mais bien présente sur ce format vinyle qui reproduit avec brio toute la dynamique sonore de l'enregistrement original de 1965. En effet, remasterisation des bandes analogiques de 1965, cette réédition de 2017 saura ravire le plus exigeant des audiophiles et le rassurer de son investissement aux quelques milliers d'euros dans des enceintes haute fidélité.