Avec son histoire débordante de controverses, de violence et de haine, Kickback est entré dans la légende. Depuis vingt ans, leurs insultes et leur « fuck you » attitude divisent, agacent, font parler et font réagir. Leur critiques envers toutes les institutions (cela va de soi), envers les imbéciles qui suivent comme des moutons, les bien-pensants mais également envers la scène hardcore a fait couler beaucoup d’encre. Et sachez le, ce groupe mythique, ayant énormément influencé les scènes depuis bientôt 20 ans, autant sur le vieux que sur le nouveau continent, malgré une absence de 10 piges, n’a pas encore posé les armes !
Un petit historique s’impose afin de replacer le groupe dans son contexte. Kickback s’est formé en 1991 sous l’impulsion du chanteur, Stephen Bessac. Après plusieurs démos (The Meaning of Pain, No One Gets Out Alive entre 1992 et 1993), le quatuor affine son son et introduit des influences de New York de l’époque, avec la volonté de mixer les éléments du hardcore et du métal (dans le genre de Killing Time, Leeway, Darkside ou Integrity, pour ne citer qu’eux) et pond son premier LP, Cornered, en 1995. Ce son original et jamais entendu auparavant dans la scène hardcore française du début des 90’s les place directement en marge. Se produisant beaucoup à travers l’Hexagone et grâce au charisme de Stephen et à leur attitude super agressive en live, Kickback se forge une méchante réputation. Vient en 1997, l’album qui finit de sceller le mythe, Forever war. L’excellence des riffs, la sombreur des songs et les hurlées inégalables du vocaliste font de l’objet un pavé, lourd et suintant les odeurs de rue, que le crew se fait un plaisir de jeter dans la marre plutôt naïve du hardcore de l’époque. Viendra ensuite le EP 6 titres Les 150 passions meurtrières en 2000. On atteint là un sommet de noirceur, avec des textes inspiré du Marquis de Sade et une esthétique ultra provocatrice, une fois de plus. Hardcore nihiliste, le terme est lâché. Malheureusement, depuis ce dernier EP, ce fut le silence radio durant près de 10 ans…Et donc là, une nouvelle galette débarque, le 12 juin 2009… et la conclusion après de multiples écoutes ?
Kickback n’a pas pris une ride et n’a pas perdu une once de sa haine et de son envie de choquer. No Surrender en est le titre, « aller tous vous faire enculer » semble en être la devise. Les chansons défilent et la première chose qui marque, c’est que la noirceur des compositions est on ne peut plus présente, du même acabit que sur Les 150 passions, avec une meilleure prod, et plus abouti. A plusieurs moments, des larsens obstruent l’écoute, cela amène un côté étrange et sale à l’ensemble. La voix est encore un cran en dessus, encore plus violente et malsaine. On y retrouve également cette complexité des compositions, avec des passages instrumentaux qui laissent des plages de repos mérités entre les tracks. Les samples sont parfaits (rappelons les liens entre Kickback et Gaspard Noé, réalisateur de Irréversible, Carne et de Seul contre tous, dont on trouve un sample sur No Surrender).
Le booklet est agrémenté de photos glauques de femmes attachées et de prostituées, ainsi que de certaines citations de Ernst Jünger et d’Antoine d’Agata, évidemment peu élogieuse de la race humaine… bref c’est sombre comme un hôtel de passe et c’est froid comme le béton des rues…
Pour finir, que l’on adore ou que l’on déteste Kickback, on ne peut rester insensible au fait que ces mecs ont été des visionnaires, ont apporté en France et en Europe un son nouveau, ont osé mixer hip-hop et hardcore il y’a de cela 10 ans, et par-dessus tout, les gars sont encore là, après quasi 20 ans d'existence, et ça, dans le hardcore, inutile de mentionner que c'est rare … ce disque fait naître un sentiment que peu arrive à communiquer ; à savoir cette haine pure qui donne envie de mettre un terme à toute cette mascarade de pseudo société remplies de vermines grouillantes et de la remplacer par le chaos pur et simple. Dans ce monde sur aseptisé, Kickback a encore plus sa place aujourd’hui qu’il ne l’avait il y’a dix ans, afin de nous rappeler que "le monde n’est habitable qu’à la condition que rien n y soit respecté"…