Funambule indécis entre le rock et le jazz, flottant très haut dans la stratosphère grâce à la voix exceptionnelle de Nicolas Leroux, le premier album d'Overhead, Silent Witness (2002), fut fondu dans l'or massif par une cohorte de chroniqueurs. Mais Nicolas Leroux, sur ce fil ténu et trop propre, ne se sentait pas totalement chez lui. Quel courage lui a-t-il alors fallu pour se laisser choir et choisir son camp, celui du rock bouillonnant et boueux ! Quel courage de reprendre tout depuis le début, au risque de tout perdre ! Quel courage de dire au revoir aux musiciens qui l'avaient, jusqu'ici, accompagné sur ce chemin cahoteux ! Désormais seul face à ses démons rock, le rossignol devait se trouver de nouveaux compagnons de jeu : ce sera Chakib Chambi et Richard Cousin (Holden). Et Overhead de renaître, en vrai miracle. No Time Between, écrit et enregistré en quelques mois à peine, garde l'empreinte de cette urgence, née de la parfaite concorde des trois âmes sœurs. Totalement imprégné de rock anglo saxon, Overhead a réussi une parfaite synthèse de ses héros : Cure, Cocteau, Smiths, Sonic Youth ou My Bloody Valentine, tous harmonieusement fondus dans leur immense sensibilité, leur science de la composition poignante, leurs expérimentations soniques, la tension de leurs atmosphères à dresser les poils. Le groupe, morceau après morceau, impressionne les cœurs autant qu'il frappe l'imagination. Les fantasmes d'adolescences britonnes et pluvieuses, de briques rouges, de couvertures du NME se concrétisent à chaque explosion (la magnifique ouverture Talk Real, No Time Between, ou Here It Comes Again, qui bat Archive sur ses terres), lorsque leurs nobles guitares déchirent l'espace (Uprising), dans chaque mélodie indélébile (In a Hundred Years, le superbement arrangé Tight & Turned, Lifetime Radio Star). Une raison de plus de croire que l'Eurostar fonctionne avec des allers et des retours. (Inrocks)
Sorti en 2002, Silent Witness, le premier album d'Overhead, avait récolté son lot de louanges. Le trio français se plaçait en tête de la cohorte de groupes au sujet duquel était automatiquement évoqué le nom de Jeff Buckley. Certes, la voix de tête de Nicolas Leroux, troublante de ressemblance dans les aigus, y est pour beaucoup. Mais, heureusement, Overhead évoque beaucoup plus que la mémoire du chanteur et piètre nageur, disparu en 1997. À vrai dire, tout au long de l'album, on pense parfois à Idaho, Radiohead, Mogwai... Basée principalement sur des riffs de guitare croisés, les titres évoluent entre une ligne claire volontiers jazzy et quelques occasionnelles explosions de fureur, No Time Betweens'avérant davantage rock'n'roll que son prédécesseur. Si on regrette que le groupe ne joue parfois à bifurquer sur des chemins plus boueux ou dissonants, histoire de faire contrepoint avec la facture millimétrée qui caractérise ce disque, on reste impressionné par tant d'inspiration, autant dans l'écriture que dans l'interprétation. Comme quoi, la France produit parfois d'excellents groupes anglo-saxons.(Magic)