Ode aux goûts de chiottes
Entre mes révisions de partiel et une actualité angoissante, je suis un peu revenu en arrière, à une époque sainte où je n'étais qu'un lycéen à la mèche folle et aux goûts douteux. Figurez-vous qu'à cette époque, en pleine recherche musicale et identitaire, je suis tombé sur un univers plutôt ancré dans la culture japonaise et raillé en France : le visual-kei. Pour les non-initiés, je résumerai ainsi : s'il mélange les genres musicaux, le visual-kei est un concentré de métal où l'aspect visuel, comme son nom l'indique, prime. Costumes extravagants, travestissement... Le genre est apparu à l'aube des années 90 où le grand précepteur (à ma connaissance) est l'illustre groupe X Japan. Alors j'aurais pu écrire une critique sur les grands initiateurs du genre, mais c'est parce que c'est avec Versailles que je suis tombé dedans que ma critique se porte sur l'album Noble. Mais d'abord, un peu d'Histoire...
Formé en 2007 à une période où la culture cliché japonaise connaît un certain succès en France (et de nombreux reportages M6), Hizaki (guitare) et Jasmin You (basse) s'associent à Kamijo (chant) pour former Versailles. Vu comme ça, seuls les personnes qui étaient ados entre 2005-2010 et téléspectateurs de No Life peuvent comprendre, mais en gros c'est un peu un all-star du Visual Kei, ils ont laissé leur trace dans le milieu. Et pour caricaturer d'autant plus, ajoutons à cela que cette formation nouvelle s'approprie de grands clichés de notre glorieuse France du temps de Louis XIV en arborant des tenues (supposées) d'époque. Vous en voulez plus ? Une photo du groupe : http://jame-world.com/_pic/pic/631-a.jpg oui, il y a bien cinq hommes sur cette photo. Troublant cliché que nous avons là... Mais l'idée me plaisait bien, le travestissement est un thème qui dérange et un sujet culturel idéal. On a The Rocky Horror Picture Show, Laurence Anyways ou Tom Boy au cinéma, un Serge Gainsbourg féminisé photographié par Wiliam Klein et bien d'autres qui font à chaque fois leur petit effet. Ah théorie du genre quand tu nous tiens...
Mais revenons à nos nippons. Quand j'ai écouté Versailles tout à fait par hasard il y a 4 ans de cela, c'était un live d'Aristocrats Symphony. Et j'ai accroché tout de suite, j'ai enchaîné les titres sur Youtube et je trouvais ça prenant. Maintenant j'ai un peu honte... Et pourtant, cette espèce de classical-metal japonais avec ses riffs rapides, ses petits solos et ses looks improbables, c'est à la fois prenant et dépaysant. Alors j'ai fait le tour de Versailles, le tour du visual-kei, ça a bien duré un an jusqu'à ce que je m'en lasse.
Parce qu'il faut bien le dire avec le recul, c'est un peu la même chose, que ce soit du point de vue musical où vestimentaire. Quant aux lives, parlons-en. Vous savez au Japon, quand on respecte un artiste, on l'écoute en silence. C'est ce qu'Amélie Nothomb racontait dans son roman autobiographique "Métaphysiques des tubes", elle devait passer des heures à écouter son père jouer une musique traditionnelle japonaise devant une audience silencieuse. Une tradition qui aurait dû être révolue mais qui a perduré, le public ne moufte pas si ce n'est deux ou trois adolescentes qui gueulent de temps à autre et les artistes jouent leurs morceaux comme en studio. Tel est donc Versailles.
Je dois malgré tout assumer d'avoir gardé NOBLE un an dans mon répertoire, alors je donne la moyenne à ce groupe rigoureusement chiant et formaté à la sauce nippone. Et puis je l'avoue, pour écrire cette critique, je me suis repassé quelques titres rien que pour les solos d'Hizaki-san.