Nomad's Land
7.3
Nomad's Land

Album de Dooz Kawa (2020)

Dans un éclair de géni Kawa nous avertit « quand tu traverseras l’enfer il n’y aura que des miroirs » (Si ce monde…).


C’est noyé dans la tristesse il parvient à distiller l’essentiel, « que les nuages devant l’amour ne cachent pas l’essence du ciel » (Si ce monde...). Dans ses textes se mêlent ainsi des espoirs "vieux comme le monde" et l’horreur d’une réalité d’« un monde sans âme » (Demi monde). Pourtant « Sous les orages, malgré les risques, j'ai pas dit : "Dieu, délivre-nous" », et il continu sa « marche vers la fin du monde sans hâte » pour reprendre les termes de sa chanson « Sous la pluie ». Ainsi l’enjeu de son combat est clair : « si je suis une sous culture des milliers de fous n’auraient pas d’âme » (Soirée noire).


L’artiste fait non-seulement le constat d’un monde en perdition (voir Le bétail, Journaliste, Les hommes et les armes, Dieu d’amour, Intro Astro), mais il se rend à la source même du problème, là où personne n’ose plus aller : en soi. Il y trouve l’origine de son mal-être : « je cherche plus les monstres sous mon lit depuis que j’sais qu’ils sont en moi » (Le Monstre). Il en a bien conscience, « quand tu traverseras l’enfer il n’y aura que des miroirs », et il a pris de l’avance. Car c’est bien là que réside la source de tous nos malheurs : en nous, face au miroir. Il y plonge son regard et ne peut pas s’en détourner, comme fasciné par l’horreur de la vérité qu’il y voit. Car détourner le regard serait se détourner de la vérité, se détourner de l’origine du problème. Comme il l’intime : « La seule façon de gagner la guerre, ce serait de se dire que c'en n'est pas une » (Passions tristes). Pourtant le voilà, qui « marche vers la fin du monde sans hâte », et résume « j’attends la vague » (La vague).


L’espoir même semble se dérober, et dans une supplique vertigineuse digne de Charles Baudelaire il demande enfin « Et si ce monde n’était pas prêt ? » (Si ce monde…). Pourtant, au fin-fond de l’abîme, un filon d’espoir persiste, le retenant encore de « sombrer vers la folie » (Le temps des assassins). Alors analysons son œuvre pour tenter de comprendre comment il est devenu ce Loup des Steppes errant sur ce « territoire noir glacé » (Soirée noire).


Lire la suite sur www.wtmnice.com/dooz-kawa/

LucasMachlein
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 22 août 2021

Critique lue 309 fois

1 j'aime

Lucas Machlein

Écrit par

Critique lue 309 fois

1

D'autres avis sur Nomad's Land

Nomad's Land
YasujiroRilke
7

Critique de Nomad's Land par Yasujirô Rilke

Travaillé par le spleen de notre époque, invoquant Miyazaki et Socrate, jouant le jeu du rap game fr et ouvrant vers une intelligence culturelle plus ample, la découverte de "Dooz Kawa", c'est comme...

le 4 nov. 2020

1 j'aime

2