Not on Top
7.3
Not on Top

Album de Herman Dune (2005)

On se faisait un peu de souci, il faut bien l'avouer, en allant rencontrer nos barbus favoris ? barbus bien avant que Devendra Banhart ne se mette sur le marché et ne tente de leur piquer le créneau. Sur la pochette de leur dernier album, Not on Top, un instantané pris en studio, les garçons d'Herman Düne ont l'air plus perché que jamais : au premier plan, absorbés par leurs instruments, David et la Canadienne Julie Doiron, puis, derrière, Neman, semblent échappés de More de Barbet Schroeder. A l'arrière-plan, André, accoudé à côté d'une bouteille de whisky, fixe, pensif, l'objectif avec le regard de ceux pour qui tout est devenu flou depuis belle lurette. Depuis le beau doublé Mas Cambios et Mash Concrete Metal Mushroom (2003), deux albums enregistrés à Coney Island et sortis coup sur coup, les trois frères ont, en plus de l'enregistrement du nouvel album, enchaîné les tournées, en groupe puis séparément. David et Neman sont ainsi partis aux USA rejoindre Kimya Dawson, l'ex-compagne foldingue d'Adam Green au sein des Moldy Peaches, elle-même en tournée, pendant qu'André, qui avait un mois à tuer avant de s'installer à Berlin, se lançait dans un tour uniquement organisé chez des particuliers. C'est encore grâce au réseau underground ? une bande de punks hardcore de Leeds cette fois ? que le groupe a pu, pour la première fois (après six albums), maîtriser totalement l'enregistrement de son disque, payé avec ses deniers, dans un vrai studio. David : "On enregistrait toute la journée, puis, André et moi, on restait debout toute la nuit à mixer. Julie Doiron et notre sœur se repointaient vers 3 ou 4 heures du matin avec les guitares nous chanter des chansons. On dormait par terre, au milieu des instruments."Mais attention à ne pas, à la lecture de ces aventures un peu potaches, penser que le disque d'Herman Düne se résume à une soirée entre potes. Directement influencé par les vieux albums de Leonard Cohen et Bob Dylan qu'ils se passaient en boucle, Not on Top est simplement le disque le plus abouti des frères et sœur à ce jour. Musclées par une vraie section rythmique (l'introduction d'une basse et le soin apporté aux parties de batterie, jusque-là enregistrées à la va-vite), les compositions se densifient (Little Wounds, You Could Be a Model Goodbye) et donnent un relief inédit à l'écriture très journal intime d'André et David. Avec ses voix et guitares mixées bien en avant, beaucoup moins lo-fi et plus pop que dans le passé, Not on Top sonne ainsi fantastiquement rétro, sec et mono. (Inrocks)


Enregistré l'été dernier aux Hall Place Studios de Leeds par Richard Formby, ce collaborateur privilégié du génial Sonic Boom de feu les Spacemen 3, Not On Top est le septième Lp officiel du prolifique trio Herman Düne et certainement l'un de ses meilleurs à ce jour. Mixé en mono comme les meilleurs disques des sixties (de Lee Dorsey aux Shangri-Las), ce nouvel opus reprend les choses là où Mas Cambios les avaient laissées, c'est-à-dire au croisement des routes indie rock et soul vintage. Renforcé par l'élastique basse Eko et le chant de l'ex-Eric's Trip Julie Doiron pour qui Herman Düne joua les backing-band de luxe lors d'un album et d'une tournée commune outre-Manche , Not On Top contient quelques tubes en puissance comme la chanson éponyme, Good For No-One ou This Will Never Happen et Whatever Burns The Best Baby déjà présents sur Novascotia, cet indispensable autoproduit de David-Ivar et Lisa Li-Lund. Avec ses claviers dignes du grand Martin Rev, ses guitares et tambours velvetiens en diable et un chant d'une ferveur sans pareille, entre Royal Trux, les choeurs Krishna et la jeune Tina Turner, le combo franco-suédois signe là un recueil qui surplombe de très haut une bonne partie de la production indépendante américaine, Will Oldham et Smog excepté. Évoquant quelques tranches de vies en tournée (avec ou sans Calvin Johnson de K Records) et autres déboires sentimentaux, Néman, David, André et leur soeur parlent au plus juste de leur époque, que ce soit en formation déployée ou simplement armé d'un ukulélé. Il convient d'ailleurs de souligner que, contrairement à ce que pourrait laisser supposer la collection de jouets et autres instruments comeladiens exhibés par David et Néman dans le précédent numéro de votre magazine préféré, Herman Düne n'a rien d'une version masculine des sympathiques Cocorosie. C'est au contraire un groupe à la puissance de feu sidérante qui publie aujourd'hui ce Not On Top dont on ne peut déjà plus se passer, au risque de se retrouver, comme dirait Mendelson adaptant Randy Newman sur l'album éponyme, seuls au sommet ! (Magic)
Revoici nos amis de Herman Düne, avec un album au titre médiatiquement suicidaire, Not On Top, mais bon, le plan marketing qui tue n’est pas le fort de nos Franco-Suédois, on l’aura remarqué depuis cinq ans et la sortie de Turn Off The Light. Sans atteindre les sommets de Switzerland Heritage, Herman Düne continue son petit bonhomme de chemin avec son folk électro-acoustique, certes moins hanté que celui de Bonnie Prince Billy, moins déjanté que celui de Jeffrey Lewis, mais au moins aussi émouvant. Au trio originel est venue s’ajouter la voix de la Canadienne Julie Doiron, qui a ramené sa basse en même temps que sa fraise. Résultat : le groupe, dans ses moments les plus étoffés, a des penchants Belle and Sebastian pas désagréables (comme sur "This Will Never Happen"), d’autant plus que les paroles, entre désinvolture et désespoir, à la première ou à la deuxième personne, s’accrochent vaillamment au registre de l’intime.Un album de plus d’un groupe (anti ?)folk de plus, diront certains. C’est oublier que, derrière des barricades de pudeur et de (vraie) modestie, derrière cette discrète persévérance et cette absence de tapage se cache un des groupes les plus sexys et enthousiasmants du moment. On se souvient d’André, seul à la guitare debout au pied de la scène (à la Maison Folie de Wazemmes de Lille) et abandonnant ses micros pour plonger quelques privilégiés dans ses compos faussement nonchalantes. Ou encore les trois membres du groupe dans l’arrière-salle enfumée d’une pizzeria lilloise, lunettes fumées seventies et barbes de trois semaines, alignant leurs titres avec panache et électricité. Sur albums, et celui-ci ne fait pas exception, ce sont les voix qui séduisent le plus, leur côté plus roots que planant (on est plus près de Dylan que de Low), l’aveu de fragilité qui transpire pourtant de chaque mot, au sein d’une formation où l’idée de lo-fi a encore du sens : moins de technique et plus d’émotion. La sympathique pochette de Not On Top est à cet égard assez parlante. Point d’innovation chez Herman Düne : en vrais artisans folk, ils font primer l’authenticité sur le vernis technologique, et les subtiles distorsions des guitares hirsutes le rappellent régulièrement. Bref, un disque sensuel et touchant, nouvelle pierre à un bel édifice qui continue à osciller subtilement entre fragilité et réconfort, folk murmuré et électricité débraillée.(Popnews)
bisca
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le 28 mars 2022

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